Le CGD du Roannais s’inscrit dans la continuité de la logique d’intégration intercommunale autour de la ville centre

Le CGD du Roannais est adopté par la commission permanente du Conseil régional de Rhône-Alpes le 25 avril 1997. Son engagement financier s’élève à 66 130 000 F sur cinq ans, soit 28% de la totalité des subventions prévues aux programmes de développement territorial (total de 229 820 000 F). Les 72% manquant sont majoritairement financés par le district du Roannais, les chambres consulaires et associations professionnelles qui sont les principaux maîtres d’ouvrage des objectifs 1 et 2 du contrat (Doter le territoire du Roannais d’une identité économique forte ouverte sur l’extérieur, Soutenir l’adaptation aux mutations), soit 17 des 23 opérations prévues. Les six autres relevant de l’Objectif 3 (Renforcer la solidarité du territoire en donnant à l’espace rural le moyen d’assurer son développement) sont portées par les communautés de communes rurales, le tout sans négliger le secteur associatif. Le contrat frappe par la cohérence entre les trois objectifs avancés et les moyens financiers et institutionnels qui les font vivre198. La dissolution des actions dans une multitude d’opérations municipales clientélistes est identifiée par les acteurs clés de ce dispositif comme un risque qui doit être évité.

Le Roannais constitue en effet un territoire très intégré sur le plan institutionnel, géographique et économique. Il est l’aboutissement d’une pratique de l’intercommunalité qui remonte au début des années 70 pour s’organiser autour d’un « Grand Roanne ». Si le 16 février 1967 est créé le Syndicat Intercommunal de la Banlieue de Roanne pour contrecarrer la domination de la ville centre, les relations entre ces deux entités s’améliorent avec la création de cinq syndicats communs entre 1981 et 1987 pour aboutir au District de l’agglomération roannaise le 20 décembre 1991 aux compétences élargies199. Par arrêté préfectoral du 9 décembre 1999, en application de la loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale le district devient Communauté d’Agglomération du Grand Roanne (71000 habitants dans six communes).

D’ailleurs, une aimable plaisanterie bien relayée par le personnel politique local laisse penser qu’il existe une volonté de constituer un nouveau Département à partir de l’arrondissement de Roanne auquel se joindraient quelques cantons limitrophes de Saône et Loire et du Rhône.

Un bref rappel historique sur l’industrie textile200 permet de mieux comprendre la portée de cette galéjade. C’est l’abondance de l’eau des Monts de la Madeleine dans le Département de la Loire et des Monts du Lyonnais dans le Département du Rhône, qui doit au Roannais sa spécialisation dans les industries utilisatrices de cette ressource. Le textile (teinture, apprêts, impression, blanchiment), l’agroalimentaire (eaux minérales naturellement gazeuses, eaux thermales, abattoirs...), la mécanique (fonderies, traitement de surfaces), la papeterie (papier essuie tout, papier hygiénique, enveloppes) sont les activités motrices de ce territoire manufacturier.

Le développement des échanges et la proximité de Lyon (marchands et manufactures textiles) sont les deux éléments qui vont développer de manière diffuse le travail de la soie puis du coton. Roanne occupe une place centrale dans la quatrième région cotonnière française au XIXème siècle. A la fin de l’Ancien Régime, 60 000 personnes vivent localement directement ou indirectement du textile.

A la fin des années 1990, toute l’industrie textile-habillement européenne connaît une crise industrielle à laquelle n’échappent pas les industries roannaises.

Aujourd’hui, l’industrie textile, en profonde mutation, s’est dotée d’une nouvelle organisation productive. Cette évolution a été accompagnée par une politique locale particulièrement active en matière d’enseignement supérieur, de formation et de développement économique dans laquelle la Ville de Roanne, le District puis la communauté d’agglomération et la CCI, sont parties prenantes dans le système de production localisé MUTEX.

Notes
198.

Décision de la commission permanente du Conseil régional n° 97.13.337 du 25 avril 1997 concernant le CGD du Roannais

199.

Pour plus d’informations sur ce processus, voir POISAT J. et SERDECZNY V. « De l’intercommunalité aux projets de Pays : l’expérimentation de la démocratie locale dans le Roannais », Rencontres internationales Démocratie et management local organisées par l’ENAP, Université du Québec les 20 et 23 mai 2003, 20 p.

200.

Ces informations sont essentiellement tirées d’une part du diagnostic réalisé par l’association MUTEX, qui gère le système de production localisé du Roannais. D’autre part du document « GEM Roanne : L'exemple d'une gestion optimisée des ressources humaines grâce à la spécificité du système de production localisée » Mission d'étude réalisée par le cabinet de consultants Bernard Reverdy Consultants pour la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) sur http://www.datar.gouv.fr/DATAR_Site/DATAR_SPLBIS.nsf/$ID_Document/CLAE-54XE25 . Consulté le 12 mars 2006.