Si la définition du périmètre du Pays donne clairement à voir un partage politique du territoire entre quelques «empereurs dans leur royaume »274, la phase de gestion du contrat est plus contrastée. Elle ouvre le jeu à des acteurs aux légitimités diverses. En conséquence, les règles de l’action ressortent moins clairement. Leur articulation peut en effet changer pour que chacun puisse jouer sa partition, sans pour autant bousculer une division verticale du travail politique bien huilée. Ainsi, le consensus et la collégialité observés reposent sur un accord tacite de hiérarchisation du pouvoir sans hiérarchie institutionnelle. A cet égard, on relève chez les petits élus une certaine propension à la « servitude volontaire »275 dès lors qu’en retour ils en touchent les bénéfices.
Mais cette mécanique consensuelle se heurte à des logiques organisationnelles et institutionnelles contradictoires que la Région, initiatrice et principal financeur des dispositifs multi-niveaux, ne parvient pas à réduire. La Région essaie dans une logique subsidiaire de peser dans le maelström local. Mais son organisation bureaucratique se heurte aux impératifs du territoire, à l’hybridation de l’action publique et à la complexité des règles d’actions dans la gestion des dispositifs multi-niveaux. La dilution pathologique de l’action publique territoriale n’est pas enrayée.
MENY Y. « Cumul des mandats : encore un instant M. le bourreau », Pouvoirs locaux n° 36, mars 1998.
DE LA BOETIE E. Discours de la servitude volontaire ou Contr’un (1576) Paris, Mille et une nuits, 1997, 63 p.