Le long apprentissage des savoirs de l’intégration territoriale

Finalement, ce qui est remarquable dans cette logique d’intégration à l’œuvre dans les deux Pays, c’est le poids que tous les acteurs, élus, techniciens, associatifs accordent au temps long. Avec la multiplication des expériences et leur croisement, apparaissent des habitudes, des procédures qui nourrissent les mécanismes et savoirs de l’intégration territoriale. L’ingénierie s’élabore et fructifie sur ces savoirs d’intégration et de développement territorial. C’est en effet à la faveur du temps long que se tissent des relations resserrées, se créent des objectifs communs et s’élaborent les accords sur les règles de conduite des projets. Autrement dit, les savoirs faire de l’ingénierie territoriale sont indissociables de relations interindividuelles qu’entretiennent les acteurs du Pays, dans le sens où la relation est un savoir que doivent maîtriser les élus, les agents de développement, les associatifs pour favoriser l’action publique commune, plus intégrée que l’action collective.

‘« R2 Si on regarde par rapport à une autre expérience, le premier fonctionnement en syndicat mixte, s’est heurté au fait que ça ne correspondait pas aux souhaits ni des élus, ni des partenaires associés, donc l’idée d’aller vers un outil plus souple, ça n’est pas toujours idéal parce que ça ne permet pas de porter toutes les actions parce qu’on n’ a pas de porteur intrinsèque, mais ça permet de laisser aller les choses et d’aller petit à petit dans dix ans vers une structure plus forte. Il faut laisser du temps au temps, il faut y aller progressivement.»
Entretien n° 10 du 22 mars 2004
«R Le fait d’avoir mis en place un Pays, un contrat dans le domaine culturel, social, économique, etc…, on a déjà travaillé avec le Conseil régional sur un contrat. Et si on passe en agglomération, le contrat d’agglomération qui sera très important moins sur le fond que sur la forme. Ce qui est intéressant pour moi dans le contrat d’agglomération, c’est qu’il y a un engagement des élus communautaires avec le Conseil régional sur la durée. C’est un contrat pluri annuel avec des dossiers et des grands principes qui sont posés. Et pour le moment on souffre d’une carence de programmation pluri annuelle. Donc de ce côté-là, c’est tout à fait intéressant. Au niveau du contenu, je pense que l’on pourra s’inspirer de ce qui a été fait au niveau du Pays. Il y a beaucoup de choses qui se ressemblent. Ça me fait penser qu’on a mis en place le Pays avant le syndicat mixte du SCOT, le diagnostic qui va être mis en place pour le SCOT va aussi utiliser le diagnostic qui a été fait pour le Pays. »
Entretien n° 12 du 29 mars 2004’

C’est aussi à la faveur du temps long qui renforce l’interconnaissance des élus qu’un président de comité de pilotage peut être choisi sans perturber le jeu politique. Dans cet enchevêtrement de logiques institutionnelles et politiques concurrentielles, certains élus ont saisi l’opportunité du Pays pour se positionner en médiateurs, en relais des petits élus auprès des différentes instances auxquelles ils ont accès du fait de l’étendue de leur réseau relationnel, c’est le cas en particulier des chefs de projet CDPRA qui doivent convenir aux grands élus.