Le développement territorial est à la croisée des chemins scientifiques et politiques notamment parce qu’il questionne l‘action collective et sa régulation. Pour le politique comme pour le scientifique, il s’agit d’identifier les limites du système d’interactions qui assure la coordination sans hiérarchie institutionnelle des différentes échelles de l’action publique. C’est une des raisons pour lesquelles, nous semble-t-il, la transversalité de méthode ou de contenu souvent présentée comme caractéristique propre à l’action publique territoriale et que l’on oppose à la spécialisation sectorielle, renvoie à la transdisciplinarité dans l’approche de la notion de territoire par les sciences sociales342. La logique de relais est courante voire structurelle dans le monde politique, pour les élus que l’on dit multi-positionnés, de manière à mieux contrôler l’action. Cette logique de relais est tout autant revendiquée par les scientifiques. Transversalité de contenu et de méthode, interdisciplinarité apparaissent désormais comme une tendance forte de la recherche sur la territorialisation de l’action publique en général et du développement territorial en particulier. Cette tendance est renforcée par le profil à double cursus d’un nombre importants de chercheurs en science politique343. Les commandes publiques, les partenariats entre collectivités locales, institutions publiques et organismes de recherche y contribuent également. Par ailleurs nombre de chercheurs multi-positionnés dans les champs politiques, scientifiques et de l’expertise interviennent sans qu’il soit d’ailleurs toujours bien simple de comprendre d’où ils écrivent.
Dans cette logique de relais, certains universitaires agissent pour le développement de micros territoires. Les organismes de conseils, les associations, les observatoires, les commandes publiques de recherche action fleurissent et montent en puissance dans le processus de développement territorial. A l’inverse, les agents de développement, les entreprises de conseil investissent l’université via la multiplication des nouvelles formations, telles que les masters professionnels ou les licences professionnelles.
Dans le rapprochement de ces différents milieux sociaux et de ces différentes appréhensions du savoir, la participation de l’IUT de Roanne au CGD et au Conseil Local de Développement (CLD) du CDPRA du Roannais en est une illustration pertinente sur la durée.
A titre d’exemple : DE BERNARDY, M., DEBARBIEUX B (dir.) Le territoire en sciences sociales. Approches disciplinaires et pratiques de laboratoires. Publication de la MSH-Alpes, 2003, 244 p.
PECQUEUR B., ROUSIER N. « L’économie territoriale à l’IREPD Grenoble » dans DE BERNARDY, M., DEBARBIEUX B (dir.) Le territoire en sciences sociales. Approches disciplinaires et pratiques de laboratoires. Publication de la MSH-Alpes, 2003, p 177-33.
FAURE A., NEGRIER E. (dir.) Les politiques publiques à l’épreuve de l’action locale. Critiques de la territorialisation. L’Harmattan. 2007, 302 p.
REIGNER H. « Déconstruire les légitimations techniques de l’action publique », dans FAURE A., NEGRIER E. (dir.) Les politiques publiques à l’épreuve de l’action locale. Critique de la territorialisation, op.cit. p 175-180.