Ensuite, chez les agents de développement, ce sont les qualités propres des individus, leur capacité à entrer en relation et à coopérer par ajustement mutuel, leur sens des responsabilités qui font la différence. Gérer un projet, ce n’est pas gérer un dossier, c’est participer à la création de l’avenir. C’est signer son appartenance au monde de la prospective.
‘« R1 Notre travail en partenariat, en collaboration étroite avec le président du comité de pilotage, on est là pour faire un peu de prospective, pour tracer des pistes, pour faire des hypothèses, de portages, d’hypothèses sur le périmètre. »C’est pour les agents chargés du développement un élément de distinction par rapport aux autres fonctionnaires territoriaux. Ce sont des agents qui ne font pas de « l’administration », ce sont des « développeurs »376 qui se distinguent par la manipulation de données, qui établissent des diagnostics, ils allient réflexion et action, sont très proches de la décision politique. Entre soi on s’appelle les « agitateur de terrain » pour marquer le rôle des animateurs de l’intercommunalité par rapport aux fonctionnaires départementaux et régionaux.
‘« R1 Oui, mais y a le terrain, c’est ce qui change beaucoup même si la fonction administrative est la même, c’est le côté terrain par rapport à nos homologues de la Région et du Département, eux ne sont pas toujours sur le terrain. Nous, on sillonne sans arrêt. Le terme d’agitateur de terrain, je trouve qu’il correspond très bien à notre mission. C’est faire émerger des idées, des concepts, des projets. Quand une idée qu’on a lancée est reprise par un élu, par une structure et bien j’ai rempli ma fonction, j’ai gagné ».Cette appartenance au mode de l’expertise, de la prospective commande une forme d’encodage, une « mise aux normes » du langage. Cette mise en forme de l’argument propre au monde de l’ingénierie du projet territorial donne du poids aux mots, c’est une façon de faire savant dans une mode managériale qui ne dit pas son nom. Comme le dit de manière critique un président d’EPCI du Pays Ronnais :
‘«R. Quand on utilise certains mots et bien ça donne de la légitimité à la phrase que vous venez de dire ou d’écrire».Ce propos distancié sur le jargon territorial révèle un des aspects les plus marquants de la démarche projet au cœur de l’ingénierie : le sentiment d’appartenir au monde de l’innovation, celui qui est à l’origine de la dynamique de développement, qui fait de la prospective et devient un facteur clé de succès dans la stratégie de développement territorial.
Terme utilisé en opposition aux administratifs par le vice président de la région Rhône-Alpes, M CHAMBON, Compte rendu de la réunion du 21 mars 2003. Intervention du Conseil régional sur les procédures de contrat de pays et d’agglomération publié sur le site http : www.cgdduroannais.com .