Le Centre Régional de Ressources du Développement Rural (CRDR)

Le CRDR a été créé en 1996 à l'initiative de l'État et de la Région Rhône-Alpes. Il conduit sa mission en partenariat avec les services de l'État, les collectivités territoriales, des centres d'information et de documentation, des Universités, des professionnels du développement, les réseaux associatifs régionaux et nationaux.

Son objectif est de professionnaliser les agents de développement rural. En 1996, l’évaluation des politiques de développement rural constate les difficultés rencontrées par ces techniciens. Outre leurs difficultés liées à la concurrence institutionnelle, les agents de développement subissent l’isolement géographique et professionnel qui rend difficile l’accès à la formation en général et à des méthodes et techniques de développement en particulier. Pour y remédier, la Direction Régionale de l’Agriculture et de la forêt pour l’État et la Direction de l’Agriculture du Conseil régional s’allient pour créer cette mission à vocation de professionnalisation. Pour éviter de multiplier les structures, c’est le Lycée agricole public de Die dans la Drôme qui porte ce dispositif.

Quatre personnes pour 2,8 temps plein travaillent pour le CRDR dont le budget oscille entre 260 000 et 280 000 € y compris fonctionnement et intervention. 50 % viennent du FEDER, 25 % de l’État 25 % de la Région. Il s’agit d’un budget financé à 100 % par les deniers publics Ce point est essentiel pour ses membres attachés à cette mission de service public.

‘« R Ses modalités d’intervention : tout est gratuit pour les agents de développement. Il s’agit d’un service public gratuit. L’État et la Région estimant que de toute façon, si c’est pour financer le centre de ressources, ou que les agents de développement contribuent au financement des centres de ressources avec des fonds publics, ça ne fait que transfert et de l’argent public, ça revient au même. D’autre part, les agents qui ont plutôt BAC+4, BAC+5 ont du mal à faire reconnaître leur professionnalisation. Si en plus, ils doivent négocier avec leur employeur des fonds, ça ne ferait qu’aggraver leurs difficultés. »
Entretien n° 44 du 24 juin 2008’

Sa cible unique sont les agents de développement salariés exerçant sur le terrain une mission de développement des espaces ruraux de Rhône-Alpes, quels que soient l'employeur, le statut, le thème d'intervention. Le CRDR en a répertorié environ un millier sur le territoire rhônalpin.

La mission de professionnalisation se décline en quatre activités.

La première est l’information de ce groupe professionnel. Le site www.crdr.org , la revue de presse hebdomadaire, les dossiers thématiques et le service de questions-réponses par téléphone et par mail en sont les outils.

La deuxième activité est la formation des agents de développement. Le CRDR organise un programme d’environ 60 à 80 journées de formation par an. Ce sont des modules courts, deux jours, trois jours. Jusqu’à six jours dont le contenu est lié aux problèmes que rencontrent les agents de développement sur le terrain.

Un tiers des formations sont thématiques. Par exemple développement culturel, développement économique. Et les deux tiers concernent la boîte à outil de base de l’agent de développement : la communication, l’animation, la méthodologie de projet, du diagnostic.

La troisième activité est consacrée à l’échange d’expériences. Soit l’échange ponctuel d’expériences thématiques. Soit un forum d’échanges d’expériences en continu sur Internet. Chacun dépose son expérience et contribue au partage avec les autres membres de ce groupe professionnel.

La quatrième activité est l’appui méthodologique qui se divise en deux domaines. D’une part, le CRDR accompagne les agents de développement qui rencontrent des difficultés dans la conception et conduite de projet. D’autre part, il crée des guides méthodologiques. Trois ont été publiés. Le premier porte sur la création et l’offre d’activité. Le second aborde l’interprétation des patrimoines. Il répond à une commande des collectivités territoriales et de l’État désireux de valoriser leur patrimoine, mais, sans savoir faire précis. Le dernier porte sur l’agri-ruralité. Le « retour à la campagne » d’un nombre grandissant de citadins pose la question de leur intégration et des services qui répondent à ce flux migratoire inter territorial. Un quatrième est en projet ; il porte sur la connaissance des acteurs du développement rural. Comme nous l’avons déjà précisé, le CRDR constate chez les jeunes agents de développement un défaut de lecture du jeu des acteurs du développement territorial qui administrent des procédures plus qu’ils ne favorisent l’initiative locale.

Cette analyse du CRDR illustre le changement à l’œuvre dans l’action publique. Ce que nous avons appelé le passage d’une conception organique à une conception mécaniste du développement territorial opère également dans le domaine de la participation et de la concertation. La mobilisation de la société civile relève des savoir faire de l’ingénierie territoriale dans l’élaboration du projet territorial. Mais sous couvert d’ouverture de l’action publique, on n’en relève pas moins une mise en ordre de la société civile. Ses membres participants doivent entrer dans le moule de l’administration du développement territorial.