A L’ingénierie territoriale dans la normalisation des représentations et des méthodes du développement territorial

1 Prospective et normalisation des représentations 

PierreMIRABAUD, délégué interministériel à l’aménagement et à la compétitivité du territoire⁴³² définit la prospective dans les termes suivants : « La prospective répond à un double défi : se doter des moyens de mener une réflexion stratégique pour appuyer les décisions publiques présentes et à venir, et donner du sens à l’action publique en l’inscrivant dans un projet collectif porteur de valeurs partagées entre les acteurs d’un territoire. La prospective refuse le fatalisme, appelle au volontarisme et affirme que l’avenir n’est pas déterminé, qu’il est ouvert à différents possibles (les « futuribles ») à construire. L’auteur poursuit avec les mutations du monde qui exigent « la collaboration de tous les acteurs. L’enjeu est de donner du sens aux actions individuelles en les resituant dans le champ d’une représentation collective, d’éclairer les stratégies et de réintroduire la pensée à long terme dans l’action publique » ⁴³³ .

Ce discours s’inscrit dans la continuité de celui de Jean Louis GUIGOU, délégué général à la DATAR de juillet 1997 à juillet 2002. Dans le préambule d’Aménager la France en 2020 ⁴³⁴, ce technocrate en appelle au volontarisme politique :« Ce « futur désiré » ne se réalisera pas spontanément, ni à brève échéance. Il est à construire : des politiques d'aménagement du territoire adaptées, accompagnées de nouvelles formes d'action publique, permettront de répondre à des attentes partagées ; les contours de ces politiques devront être précisés » ⁴³⁵ . Bref, le développement territorial et l’invention de l’avenir, voire sa réhabilitation⁴³⁶ s’appuient sur un corps de doctrine dont il convient de dresser les contours et de définir la substance.