Les règles d’actions et de contrôle budgétaire des premiers dispositifs de développement territorial, CGD et CDPRA laissent une grande marge de manœuvre aux élus et agents de développement pour une action peu soumise aux interventions des financeurs. La souplesse et les arrangements locaux sont déterminants dans la gestion des fonds.
Aujourd’hui, des programmes européens aux programmes infra régionaux, c’est le contrôle vertical des financeurs qui s’impose.
On est dans l’inversion de la logique de guichet qui permet aux élus multipositionnés de gérer les offres et demandes de fonds tout en défendant leurs territoires d’élection, parfois au détriment du renouvellement de l’action publique dans les territoires de projets484.
‘« R Depuis quelques années, il y a un rapprochement de ces structures, Europe, État, Région. De toute façon, le début de la fin, on ne s’en n’est pas rendu compte, c’est quand tous ces financements sont devenus des cofinancements. Et le Contrat de Plan devenait le cofinancement des fonds européens et les fonds européens cofinançaient le Contrat de Plan. Forcément, ce sont des gens qui étaient tellement habitués à travailler ensemble, à instruire les projets ensemble, ils ont diffusé leurs cultures auprès des autres. Forcément, les questions de gestion étaient identiques. Les règles de l’un s’appliquaient aux autres et inversement. Les règles supérieures ce sont celles de l’Europe, ce sont celles qui s’imposent depuis plus de dix ans. Donc la culture européenne du dossier, le montage hyper rigoureux a diffusé auprès de l’État et la Région. Elle a rencontré un état d’esprit plutôt orienté vers le contrôle et la formalisation. Cela a pris ce chemin là. Il y a 15 ans, ce n’était pas du tout cela. Si vous allez regarder les premiers Leader, ce n’était pas du tout cela. Cela se montait un peu n’importe comment. Mais il y avait une place pour l’initiative très importante. En tout cas de l’adaptation au fil de l’eau. Maintenant ce n’est plus du tout le cas. Quand on voit les pôles d’excellence rurale, c’est phénoménal. Ce sont des choses au millimètre près. (.)DOUILLET A.C. « Les élus ruraux face à la territorialisation de l’action publique », Revue française de science politique, vol 53, n°4, août 2003, p 583-606.