Impacts économiques de l’action associative étudiante :

Comme l’ont déjà fortement sous-entendues les lignes qui précèdent, les associations étudiantes s’impliquent dans la vie économique locale, devenant au fil du temps des acteurs de plus en plus présents dans cette dernière. Ainsi, comme nous avions par exemple pu le montrer lors de nos précédents travaux sur les associations étudiantes des I.U.T. de Lyon, le poids financier de ces seules organisations dans le tissu économique local pouvait en 1997 être estimé à environ 1 500 000 frs (environ 225 000 €). Les contrats étant la plupart du temps conclus avec des sociétés locales, l’inscription du milieu associatif dans le développement économique local est donc importante.

Au niveau national, l’ensemble du secteur associatif étudiant représentait en 1995 environ 1 milliard de francs ( 243 ). Ces chiffres sont à mettre en rapport avec le poids de l’ensemble du tiers-secteur en France ( 244 ). Nous avons vu précédemment que plus de 75 % des structures gèrent un budget annuel de moins de 100 Kf (soit 15 000 € environ). Petites structures locales, elles investissent néanmoins chaque année environ 0,70 milliards de francs
(environ 0.1 M€) dans l’économie de proximité.

Cette manne financière ne profite pas qu’au secteur privé, mais aussi par incidence aux administrations. Si, le plus généralement, les associations sont exonérées de taxes, les entreprises avec lesquelles elles travaillent sont en revanche assujetties à la taxe professionnelle (ou ce qui lui succèdera), à la taxe sur foncier bâti, à la taxe locale d'équipement et aux versements de transport. Les entreprises représentant entre 50 % et 60 % des recettes fiscales directes locales, le développement des activités économiques créées par les associations étudiantes engendre par retombée un développement économique pour les collectivités environnantes, par effet de débordements et de diffusion.

Le rythme des actions menées, leur nombre et leur intensité qui ne cessent de croître au fil des ans du fait de l’accroissement du nombre d’associations étudiantes et du nombre des projets portés, inscrivent donc le mouvement associatif étudiant comme fortement participatif du développement de cette strate économique. Par leurs contacts fréquents, elles diffusent leurs manières de faire, en même temps qu’elles empruntent à leurs partenaires certaines de leurs méthodes. C’est aussi dans cet aspect diffusionnel, et par l’institutionnalisation progressive des innovations étudiantes, que se joue l’impact de l’action associative étudiante sur les modes de l’engagement des individus dans le monde qui les entoure.

Outre ces incidences macro-économiques, l’action associative étudiante impacte au plus près la vie des entreprises. Lors de nos précédentes recherches sur le mouvement associatif étudiant dans les I.U.T., nous nous sommes notamment intéressés aux modalités d’insertion et de vie professionnelle des anciens militants associatifs.

Comme le montre le graphique n°21, les potentialités du militant sont importantes pour l'entreprise, car l'activité associative est à la base une activité de type sociale et éminemment relationnelle.

Graphique n°21 : l’impact de l’investissement associatif étudiant
Graphique n°21 : l’impact de l’investissement associatif étudiant sur l’insertion professionnelle

Source : LICHET Thierry, op. cité.

Ainsi, les entreprises vont plus facilement recruter les anciens militants pour des postes à responsabilité, dès la première embauche : cadres supérieurs et contremaîtres (26,3 % contre 22,7 % pour le groupe étudiants). Ils vont être mieux payés, et connaître des possibilités de promotions internes plus importantes (cf. annexe n°6 : « L’insertion professionnelle des militants associatifs »). Celles-ci seront du reste beaucoup plus rapides que pour le groupe témoin.

Par ailleurs, les anciens militants ont plus grande propension à devenir artisan ou chef d'entreprise, donc générateur d'emplois et d'activités, dès la sortie de leurs études (9,1 % contre 4,6 %). Ainsi, au-delà du développement de l’activité économique locale, l'associatif étudiant est lui-même créateur d’innovation économique. Le secteur associatif étudiant n’impacte donc pas seulement les modes futurs d’engagements des individus dans le collectif, mais aussi plus largement les modalités d’engagements des individus dans l’économie et la société.

Notes
243.

( ) Soit 0,15 M€, selon le « Décisions Etudiantes » n°6, mars 1995. Ce chiffre est en totale cohérence avec ceux que nous pouvons tirer de notre enquête. En effet, en nous appuyant sur les résultats du graphique n°25, et sur le fait que nous pouvons estimer à environ 20 000 le nombre d’associations étudiantes en France (cf. annexe n°9), nous aboutissons à un chiffre d’affaire annuel de 1,2 milliard de francs pour l’ensemble du secteur associatif étudiant (environ 0.15 M€). Ce qui accessoirement confirme la pertinence des modalités de redressements de l’enquête.

244.

( ). Comme l’a montré Archambault, on pouvait estimer ce dernier à 217 Milliards de francs en 1996. ARCHAMBAULT Edith, op. cité.