II-A-2) Transformations des rapports institutions/associations étudiantes.

Une évolution des rapports financiers :

Le secteur privé n’est pas le seul interlocuteur des associations étudiantes avec lequel les rapports changent. L’entrée dans la seconde modernité se retraduit aussi par une évolution des relations entre tiers-secteur et institutions. Développement du capitalisme, débordement de l’information, déclin des formes instituées impactent de plein fouet depuis deux décennies les acteurs publics. Les modalités de l’engagement collectif étudiant s’en ressentent, et par là, donnent une orientation des possibles pour les formes de l’engagement collectif à venir des individus dans le monde social.

Ainsi, les collectivités locales et les institutions financent de moins en moins les associations étudiantes sur le principe de la légitimité de leur action. Il se développe en revanche depuis près d’une dizaine d’années une logique de financement sur projet (cf. graphique n°22). La Sécurité Routière développe par exemple l’opération « Label Vie ». Elle offre à ce titre des financements pour la réalisation d’actions spécifiques visant à améliorer la sécurité routière. Dans le même sens, le Conseil Interprofessionnel des vins de Bordeaux a mis en oeuvre en 1999 un concours sur le milieu étudiant, visant à promouvoir « l’an 2000 à Bordeaux ». La même année, le Ministère de la Jeunesse et des Sports initie quant à lui un concours de scénarios sur le milieu étudiant, visant à promouvoir la lutte contre les discriminations envers les jeunes.

Dans leur ensemble, les acteurs publics mettent en oeuvre toute une gamme d’appels à projets, appels d’offres auxquels les associations étudiantes doivent répondre si elles souhaitent bénéficier de financements. Ces derniers s’accompagnent en outre de compte-rendus d’exécution, subordonnant parfois le paiement des soldes dûs à leur production. Elles vivent en cela les mêmes contraintes que les autres organisations du monde social.

Comme le montre le graphique ci-dessous, la part du financement des associations étudiantes par subvention reste faible, et représente moins
de 20 % des recettes. Lorsqu’elles existent, les subventions viennent majoritairement participer à la réalisation d’un projet. Spécificité étudiante, les universités financent en plus grande proportion les structures sur le fonctionnement. Mais dans son ensemble, le monde associatif étudiant n’échappe pas aux pratiques institutionnelles de mise en concurrence des structures en vigueur depuis plus d’une vingtaine d’années dans l’ensemble du monde social.

Graphique n°22 : la forme des subventions touchées
Graphique n°22 : la forme des subventions touchées par les associations étudiantes.

Source : enquête propre. Les valeurs du tableau sont des pourcentages en ligne établis sur 1619 observations.

La proximité institutionnelle joue aussi un rôle déterminant dans l’obtention de financements publics. Les universités, et dans une moindre mesure les mairies, participent le plus à la vie financière des associations étudiantes. Si l’on exclut les institutions universitaires, spécifiques au milieu étudié, la participation plus importante des mairies par rapport aux autres institutions fait écho à la forte participation des municipalités sur de très larges pans du secteur associatif. Cependant, si l’on se réfère aux travaux d’Archambault notamment, les volumes attribués aux associations étudiantes restent très faibles en regard des autres secteurs du monde social.