Affirmation de l’instituant, déclin de l’institué :

Si les institutions utilisent désormais les associations étudiantes pour communiquer, c’est parce qu’elles ne disposent plus des moyens pour le faire seules. Ce processus retraduit le déclin de l’institution, en même temps qu’il y participe par la multiplication des modèles institutionnels. Les associations sont convoquées par facilité, pour la gratuité du service qu’elles offrent, mais aussi pour l’efficacité du message qu’elles diffusent. Il s’ensuit un accroissement de pouvoir de communication des associations étudiantes, une affirmation de l’instituant sur l’institué.

Ce recentrage du pouvoir s’observe aussi au travers des nouvelles modalités d’expansion du mouvement associatif étudiant.

Mouvements des générations jeunes, Nonna Mayer ( ²⁴⁹ ) a montré dans son étude sur la post-matérialité des populations que les jeunes étaient plus enclins à défendre leurs idées de manière protestataire. Cette expression politique doit être comprise comme un prolongement de formes politiques plus conventionnelles, non comme une remise en cause du système.

Or, cette même étude montre qu’il existe un lien entre caractère protestataire des jeunes et participation à l’action associative. Ce caractère protestataire n'est donc pas à entrevoir dans une dimension de négation de participation citoyenne, mais bien plutôt dans le sens d'une demande de participation non comblée. Ce n'est pas une forme d'opposition à la vie politique pacifiée, et ne constitue en rien une forme de désintégration du système établi. En effet, Muxel montre par ailleurs que plus les jeunes participent à des actions protestataires (manifestations, ...), plus ils participent ensuite à la vie politique, aux élections. L'action protestataire constitue donc souvent pour les jeunes le moyen d'entrer en politique ( ²⁵⁰ ). Leur intégration politique se concrétise ensuite par le développement d’actions associatives.

Le conflit avec l’institution, en tant que vecteur d’impulsion à la création associative connaît depuis ces vingt dernières années un fort développement. Cette opposition étudiante qui s’affirme régulièrement conduit à des évolutions dans les rapports qu’entretiennent les associations étudiantes avec les pouvoirs publics, eux-mêmes potentiellement préfigurateurs d’évolutions des formes de la participation des individus au collectif dans le monde social.