Les associations étudiantes, vecteur des évolutions de l’institution :

Le monde associatif étudiant fait aussi se transformer l’institution dans ses pratiques, en amenant cette dernière à devenir un acteur plus éthique. Cette nouvelle posture de l’institution impactera alors les formes de l’engagement collectif des individus. Ainsi, le C.R.O.U.S. de Strasbourg distribue depuis janvier 1999 du café commerce équitable labellisé Max Havelaar dans l'ensemble de ses restaurants et cafétérias ( ²⁶⁰ ). De même, la fédération des étudiants de Lorient a réussi ces dernières années à imposer une alimentation bio au C.R.O.U.S. local.

Dans une autre dynamique, l’association « Vive la trottinette » a pour sa part réussi à développer le tri sélectif à l’Université de Jussieu, tandis que l’A.N.E.M.F., à l’origine du concept du développement des « universités sans tabac » a imposé en un peu moins de cinq années cette pratique nouvelle sur l’ensemble des universités du territoire. Autre exemple, en 2002, après avoir été pendant cinq ans initiée et organisée par la fédé de Bordeaux, « l’Espace Rentrée Etudiante » est pour la première fois organisé par le pôle universitaire de la ville. Sorte de guichet de service unique, les étudiants peuvent, de la fin août à fin octobre, rencontrer dans un seul espace les différents interlocuteurs incontournables de la ville : les services de la mairie, le C.R.O.U.S., la C.A.F., France Telecom, la compagnie de bus, le C.I.L.G. (caution pour les logements), la médecine préventive, le sport universitaire, et les associations étudiantes de la ville.

Dans le même temps, les associations étudiantes se sont fortement impliquées pour une réforme en profondeur du système SAN REMO de comptabilité publique des universités. En effet, celui-ci ne prend actuellement pas en compte ni les besoins nouveaux (N.T.I.C. par exemple) ni le sport, la culture, ou la vie étudiante … au sein des établissements. Selon la F.A.G.E. et certaines associations étudiantes, l’entretien du patrimoine existant ou l’accueil des étudiants étrangers devraient aussi être chiffrés. Dans cette perspective, les associations étudiantes membres de ce réseau défendent le passage du quantitatif au qualitatif pour la gestion des universités.

Sous la pression des demandes, l’institution universitaire a déjà réformé le F.A.V.E. (Fond d’Aide à la Vie Etudiante). Demandée par les associations étudiantes depuis 1996, le ministère lance en 2001 une étude sur le sujet, puis transforme entièrement ce fond d’aide aux projets étudiants. Depuis, le F.S.D.I.E., nouveau nom donné à ce fond, répond aux demandes de subventions en reprenant l’essentiel des propositions avancées par les associations étudiantes. Par leur action transformatrice sur les institutions, les associations étudiantes transforment de fait les modalités des engagements à venir des individus dans le monde social.