1) Une répartition des territoires politiques.

Lors de nos précédents travaux, nous avions montré que les associations de filières des I.U.T. servaient d'intermédiaires entre les étudiants et le corps professoral. L'une des principales caractéristiques des associations de filière réside en effet dans la possibilité qu'elles s'offrent de faire acte de représentation auprès des instances universitaires, ceci de manière formalisée. Les associations de filières sont, avec les fédérations, les structures les plus enclines à prendre des positions et les affirmer, dans le champ de l’Enseignement Supérieur (cf. graphique n°35).

Graphique n°35 : prise de position des associations sur les problématiques de l’Enseignement Supérieur.
Graphique n°35 : prise de position des associations sur les problématiques de l’Enseignement Supérieur.

Source : enquête personnelle. La dépendance est très significative. chi2 = 73,86, ddl = 4,
1-p = >99,99 %. Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 1 453 citations.

Comme le montre le tableau ci-dessus, il existe une réelle différence de comportement entre les fédérations (et dans une moindre mesure les associations de filière) et les associations thématiques concernant les problématiques de l’Enseignement Supérieur. Autant les premières sont nettement plus impliquées que la moyenne des associations sur ces questions (taux de « assez souvent voire toujours » des fédérations et des associations de filière supérieur à la moyenne), autant les secondes se remarquent par un plus faible intérêt pour ces problématiques (fort taux de « non réponse et jamais » et faible taux de réponse « assez souvent voire toujours »). Cette spécialisation se trouve renforcée par l’analyse du chi 2, montrant une forte dépendance des fédérations à celles-ci (case encadrée en bleu), et une forte indépendance des associations thématiques (case encadré en rose).

Sur le terrain, les associations de filières servent de manière quasi-générale de médiateurs entre un public étudiant nombreux et des professeurs distants, dans un univers où les moyens de communication entre ces populations n'existent pas forcément. De fait, ces structures se placent souvent comme les porte-paroles des étudiants dans les conseils centraux, d’écoles, de facultés ou de filières.

La situation se trouve totalement inversée lorsque l’on s’intéresse à la participation des associations étudiantes aux débats de société.

Comme le montre en effet le graphique ci-dessous, les associations de filière évitent, dans une très large mesure, les débats sur des problématiques sociales sortant du cadre stricto sensu de l’univers étudiant (cf. graphique n°36). Seules 4,3 % des associations de filières participent à des débats, actions, pétitions sur des problématiques de société. Ce rejet est accentué par la mise en évidence par Sphinx de l’indépendance entre ce type d’associations et ces formes d’actions (cas encadrée en rose). Près de 75 % d’entre elles n’y participent que rarement, voire jamais.

Graphique n°36 : la participation des associations étudiantes
Graphique n°36 : la participation des associations étudiantes aux débats de société.

Source : enquête propre. La dépendance est très significative. chi2 = 32,95, ddl = 4, 1-p = >99,99 %. Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 1571 citations.

Les associations thématiques se réapproprient en revanche ces débats. En effet, Sphinx note une forte dépendance entre associations thématiques et ce type de participation politique.

Les territoires de l’action et du discours politiques sur le milieu étudiant se répartissent donc entre associations de filières, associations thématiques et fédérations, chacune oeuvrant sur des strates différentes, porteuses de discours a priori déconnectés les uns des autres. Cette spécialisation des modalités d’actions inscrit totalement le secteur associatif étudiant dans les nouvelles formes de l’engagement collectif, où les structures cherchent à différencier de manière plus accentuée leur agir.