Nouveaux droits sociaux :

Acteur et partie prenante de la naissance d’une nouvelle conscience mondiale, le mouvement associatif étudiant travaille aussi à faire naître des droits nouveaux pour ceux-ci, en visant une plus grande mobilité de ces derniers en Europe notamment. Ainsi, l’A.N.E.M.F., mono-disciplinaire des étudiants de Médecine a signé en 2000 des accords internationaux, afin de permettre aux étudiants médecins qui le souhaitent de faire un stage d’un ou deux mois à l’étranger. Dans le cadre de la réforme L.M.D. dans laquelle la F.A.G.E. s’est fortement impliquée, les séjours à l’étranger sont désormais validés et intégrés au cursus de l’étudiant. Ces évolutions ouvrent des droits nouveaux pour les étudiants, dont celui de s’instruire différemment et de développer son ouverture culturelle. Par la connaissance de cultures alternatives, les individus se transforment, faisant eux-mêmes évoluer leurs modalités d’engagements dans le monde social.

Sur une dynamique parallèle, les manifestations étudiantes ont été ces deux dernières décennies des moments forts d’affirmation d’un droit des étudiants aux études et aux débouchés professionnels. S’insurgeant contre des politiques de dévalorisation des diplômes et des formations, les I.U.T. furent en pointe de ces contestations tout au long de la période 1995-2000. Signe retraducteur de l’institutionnalisation de ces conflits dans la conscience collective étudiante, la naissance de structures associatives apparaît souvent comme une suite des mouvements, organisations se donnant à charge d’être un pôle de veille, d’alerte le cas échéant, sur les intentions ministérielles. Ainsi en est-il par exemple de l’Association Générale des I.U.T. de Lyon, ou de la Fédération des Etudiants et Diplômés d’I.U.T. – Région Rhône Alpes. Ces deux organisations furent construites à la suite des mouvements de grèves dans les I.U.T. des années 1995.L’un des objectifs statutaires de la F.E.D.I.U.T. était notamment de porter un regard critique sur le devenir institutionnel de la filière I.U.T. Pour se faire, elle se donnait à charge d’être un acteur de proposition dans les instances décisionnelles liées à cette filière, en même temps qu’un contre-pouvoir efficient par la mobilisation étudiante et médiatique.

Le mouvement des élèves infirmiers de 2000 s’inscrit dans la même logique. Il se fonde sur l’affirmation du droit des élèves infirmiers à bénéficier du statut d’étudiant, notamment en matière d’accès aux bourses, aux logements sociaux. Il affirme la volonté d’une reconnaissance de la formation suivie à la hauteur de ce qu’elle est, à savoir un niveau bac +3. Ce mouvement, qui durera près de six mois, verra lui aussi la naissance d’une nouvelle organisation étudiante,
la F.N.E.S.I. ( 352 ), dont l’un des but est notamment d’être acteur de la formation et de porter un regard critique sur le devenir de cette dernière.

Cette multiplicité de naissance de structures, en même temps que la force des revendications portées, montrent bien l’affirmation, sur une base de défense, du droit aux études pour tous, du droit à l’individualisation des parcours universitaires, et surtout aux études qui ne soient pas des voies de garage. Désormais, les étudiants souhaitent disposer du droit de faire des études, mais aussi que ces dernières disposent d’un réel débouché professionnel.

Outre les actions menées spécifiquement sur le monde universitaire, le secteur associatif étudiant se fait acteur de démarches et de revendications plus globales touchant à l’affirmation des droits de l’individu. Ainsi, en 2003, la F.A.G.E. lance via son supplément « Génération Solidaire » une action de mobilisation du mouvement associatif étudiant pour le droit à l’éducation des enfants travailleurs. Il s’implique aussi pour la reconnaissance et les droits des minorités, en oeuvrant pour la reconnaissance des droits des handicapés à étudier. La F.A.G.E. travaille à ce titre avec l’A.P.F., Association des Paralysés de France.

Au-delà de ces actions participatives dans l’affirmation des droits les plus élémentaires, le monde associatif étudiant a su ces dernières années inventer des formes nouvelles de droits pour les individus, certes plus utopiques au sens de rêves, mais qui, étonnamment prennent peu à peu pied sur l’ensemble de la société. Ainsi en est-il de ce que l’on pourrait dénommer le droit au sourire et au bonheur pour les enfants, et plus particulièrement les enfants hospitalisés. L’association Sup de Cœur de Clermont-Ferrand développe en effet depuis le milieu des années quatre-vingt-dix le projet « Cœur de clown », qui consiste notamment à tenter de faire rire les enfants hospitalisés dans les services pédiatriques de la ville. Cette idée se sera peu à peu diffusée, pour trouver une audience plus large au cours du temps sur l’ensemble de la société. Divers médias se sont fait l’écho en 2004 d’expériences similaires réalisées à l’initiative des hôpitaux eux-mêmes. Ainsi, de nouvelles pratiques sociales émergent et s’institutionnalisent, qui trouvent leurs origines dans les pratiques associatives étudiantes, le secteur associatif étudiant se faisant alors innovateur et précurseur des modalités futures de l’engagement collectif des individus.

Notes
352.

( ) Fédération Nationale des Elèves en Soins Infirmiers.