La naissance d’une nouvelle citoyenneté :

A l’instar des autres organisations du secteur sans but lucratif, les associations étudiantes sont porteuses de valeurs favorisant la prise de conscience par chacun de son rôle dans la société. Elles sont, comme l’ont montré largement les différents intervenants du M.A.U.S.S. pour l’ensemble du mouvement associatif, des acteurs de premier plan dans la construction de la citoyenneté des individus. Ces aspirations démocratiques et citoyennes se retrouvent jusque dans les formes qu’elles se donnent. Ainsi, comme le rappelle notamment le « Décisions Etudiantes » n°63, les associations étudiantes sont des associations créées « par des jeunes, pour des jeunes ». Cette formulation n’est bien évidemment pas sans rappeler les fondamentaux de la démocratie, du peuple, par le peuple, pour le peuple. Si une telle synonymie est bien volontaire, elle retraduit dans le même temps la prise progressive de conscience par les associations étudiantes de leur rôle structurant dans la construction du citoyen de demain et celle des formes à venir de l’engagement collectif des individus dans le monde social. Ce sont les formes de la citoyenneté émergeante que nous allons à présent observer au travers de l’action du secteur associatif étudiant.

Comme nous avons pu déjà l’évoquer lors des paragraphes précédents, se donnent à voir dans les écoles, les différents lieux universitaires, des projets à dimensions internationales, à vocation humanitaire. Il est en effet courant de trouver des projets associatifs tels que : « promouvoir des projets de biologie appliquée en Afrique », « construction d’une école au Bénin », « un projet de développement à Haïti », « forum des associations humanitaires et sociales », « stage infirmier de santé publique au Bénin », « amener des médicaments au Bénin », … L’affirmation du second individualisme sur et au travers du monde étudiant par le biais des constructions d’action collective ne se concentre donc pas uniquement sur la dimension individualisation, mais s’affirme aussi dans sa dimension individuation.

En fait, comme le montre notamment Norbert Elias dans « La société des individus », l'évolution se situe avant tout dans une transformation de la forme du nous, de la notion du collectif. Le nous se fait plus lointain, donnant dans le même temps, plus de prégnance au Je. Cette dynamique amène une individuation croissante des rapports sociaux. Mais elle produit dans le même temps un développement de la conscience collective de chacun des individus, conduisant à la naissance d'une responsabilisation personnelle des individus ( 363 ). L’enquête réalisée en 1996 par Valérie Becquet avait, dès cette époque, mis en évidence que près d’un tiers (29 %) des responsables d’associations pensaient leur investissement associatif comme un moyen de « faire preuve de solidarité avec ses concitoyens ». On trouve ici la réalisation concrète des ambitions exprimées par les étudiants dans l’enquête « Express-l’Etudiant » de la même année, où 23 % d’entre eux déclarent que réussir, c’est d’abord « aider les autres » ( 364 ). En même temps, cette idée de responsabilisation de l’individu et ce rapport à autrui n’est pas sans renvoyer à l’idée tourainienne du Sujet.

Une telle dynamique en direction de l’Autre est confirmée par Sylvie François, responsable des sessions de formations dans l’association « Etudiants & Développement ». Pour elle, « les jeunes sont particulièrement sensibles à ce thème, alors que celui-ci n’est plus jugé prioritaire par le reste de la population française » […]. Les étudiants peuvent plus aisément que d’autres tranches de la population répondre aux problèmes de développement dans le monde, car « ils ne sont pas encore eux-mêmes établis dans la société, ils n’ont pas en général d’intérêts particuliers à défendre et sont dès lors plus sensibles à l’intérêt général ; ils sont tout simplement plus désintéressés » ( 365 ).

Ces investissements participent de la construction d’une nouvelle citoyenneté, une citoyenneté mondiale : en effet, « les étudiants deviennent aujourd’hui citoyens en contribuant au développement de communautés défavorisées. … on souhaite agir là où l’efficacité est certaine - d’où le souci de projets concrets, locaux, limités dans l’espace et parfois dans le temps. … Mais ce souci est indissociable d’une ouverture au monde entier, car la citoyenneté est comprise comme une citoyenneté planétaire : mon concitoyen est birman ou burkinabé autant que français, et j’ai autant d’obligations à l’égard des premiers que du second » ( 366 ). Les associations étudiantes s’inscrivent donc fortement au sein de ces dynamiques, participant à l’expansion de cette éthique et d’une citoyenneté universelle dans le cadre de la réalisation de projets multiples. En instituant par leur action et leur constance ce positionnement citoyen, elles favorisent la transitivité de ce message au travers des différentes formes de l’engagement collectif des individus.

Ainsi, on trouve régulièrement au fil des numéros de « Décisions Etudiantes » des articles sur la solidarité internationale, l’environnement, l’humanitaire. Sur l’ensemble des numéros, tous les six mois en moyenne, un article de fond ou l’exposé d’une expérience de terrain est consacré à ces problématiques. La F.A.G.E. n’hésite pas à se faire le relais sur le monde étudiant d’initiatives de ce type visibles sur l’ensemble de la société.

On trouve ainsi au gré des numéros des présentations d’opérations humanitaires d’importance (n°9 de la « Lettre des associations étudiantes », prédécesseur de « Décisions Etudiantes », septembre 1994, présentation de l’opération Rwanda avec Equilibre), des interviews de responsables d’O.N.G. importantes (Amnesty International, « Décisions Etudiantes » n°85, mai 2004), tandis que certains numéros rentrent dans une présentation plus complète d’une action solidaire à dimension internationale. Ainsi, le n°78 présente par exemple la 6ème édition de la Semaine de la Solidarité Internationale. Il s’appuie pour se faire sur différents articles expliquant l’exploitation des enfants, une promotion de l’action menée par Aide et Action sous l’intitulé « Agissez pour le droit à l’éducation des enfants travailleurs », et un portrait de Josselin Martin, de l’association Assopa (Association Solidarité Partage).

C’est donc à des actions de promotion et d’institutionnalisation de la solidarité internationale que se livre la F.A.G.E. et le réseau associatif étudiant, impactant totalement les dynamiques sociales à l’œuvre et la construction des formes à venir des engagements collectifs des individus dans le monde social.

Cette dynamique ne s’observe pas seulement au niveau des plus grosses organisations associatives étudiantes. Sur le terrain, et sous des formes diverses, de nombreuses actions de ce type sont montées. Les plus caractéristiques sont présentées au fil des pages du « Décisions Etudiantes ». Ainsi, le n°1 (début des années 90) de ce journal présente la « bourse H.E.C. », bourse de 100 000 frs (environ 15 000 €) prévue par les étudiants de H.E.C. pour aider les jeunes au financement d’un projet humanitaire. Le n°3 présente sur la quatrième de couverture un dossier complet intitulé « Humanitaire, tout est possible », exposé de diverses expériences d’associations étudiantes dans ce domaine. Le n°9 de juin 1995 présente pour sa part le tour d‘Europe de la mémoire organisé par l’U.E.J.F. ( 367 ), passant notamment par Lyon, Paris, mais aussi et surtout par Nuremberg, Auschwitz, …

De nombreuses associations étudiantes de filières créent des projets de solidarité internationale, en plus de leurs autres activités. Ainsi, les étudiants de l’I.S.A.B. organisent chaque année un tournoi de rugby international, dont les bénéfices sont intégralement reversés à Action Contre la Faim. Les I.U.T. de Saint-Etienne montent chaque année, à l’instar de nombreuses autres associations étudiantes, une collecte de nourriture pour les Restos du Cœur. La liste des actions de solidarité sociale comme de solidarité internationale serait trop longue, elle confirme néanmoins la forte implication du mouvement associatif étudiant dans la reconnaissance de l’altérité, se faisant à ce titre fortement acteur des nouvelles formes de l’engagement de l’individu dans le monde social et de l’émergence du Sujet.

Enfin, depuis 2002 environ, l’édition du « Décisions Etudiantes » est couplée tous les deux mois avec un supplément lui aussi édité par la F.A.G.E. s’intitulant « Génération solidaire ». Ce dernier met notamment en avant un large panel des actions solidaires dans lesquelles peuvent se lancer les associations si elles le désirent. Au travers de ce supplément, des actions visibles sur l’ensemble de la société sont relayées sur le monde étudiant, comme les campagnes du collectif « de l’éthique sur l’étiquette », du Secours Populaire, du Téléthon, …

Dans le même sens, l’ouverture du colloque de la F.A.G.E. lors de
son 12eme Congrès se fera sur le thème « Les étudiants face à la mondialisation ». Si le secteur associatif se fait ici plus acteur qu’initiateur de ce type de réflexion, participant en cela de leur affirmation et de leur institutionnalisation sur l’ensemble de la société, les ateliers qui accompagnent ce colloque tout au long du week-end affirment cependant clairement l’implication du mouvement associatif dans ces dynamiques. « Monter un projet lié à l’environnement », « Commerce équitable et solidarité : les actions possibles » seront par exemple deux des quatre ateliers de ces journées. Des thématiques de réflexion identiques sont tout à fait visibles lors des rassemblements associatifs annuels organisés par le réseau AnimaFac. Ainsi, les associations étudiantes dans leur ensemble jouent véritablement un rôle acteur dans les transformations sociales et l’émergence d’une conscience humaine mondiale, en même temps qu’elles se font le relais sur le milieu étudiant des dynamiques de transformation des modes d’engagement des individus sur le monde social actuellement à l’œuvre.

Cette conscience mondiale caractéristique de l’émergence du Sujet s’observe aussi par la publicité faite d’interviews de responsables associatifs étudiants d’autres pays. Ces interviews permettent souvent de mettre en exergue des problématiques sociétales de fond, à travers les questions posées. Ainsi, lors de l’interview de Shobha Maidu, chargée de communication de l’association « Aide et Action en Inde », l’origine des responsabilités de la situation défavorisée des enfants en Inde est clairement évoquée ( 368 ). Si l’on voit apparaître au travers du discours de cette personne des formulations telles que « aliénations », « exploitation de la population », donnant au discours une tonalité quelque peu marxisante, ce dernier est surtout l’occasion de mettre en évidence les difficultés quotidiennes d’accès à l’éducation de la population des intouchables en Inde, et de la portée des partenariats P.V.D. / pays riches.

Dans le même sens, en interviewant Djamel Aït Ameur, président du bureau des élèves de Tizi Ouzou, la F.A.G.E. va chercher à faire prendre conscience aux jeunes responsables associatifs étudiants des réalités de la vie quotidienne des étudiants en Algérie : « une bourse est de 900 dinars par mois. … Certains livres coûtent 10 000 dinars, et un stylo Rotring 1 000 dinars ». « On est très surveillé, surtout ces derniers temps avec ces élections qui approchent » ( 369 ). Pour avoir refusé de soutenir officiellement le président Bouteflika lors de la campagne présidentielle, « on subit des intimidations, les policiers nous arrêtent, nous demandent nos papiers et nous amènent parfois au commissariat. On a tiré des coups de feux sur la voiture du président de l’U.N.E.A. ( 370 ) ». C’est donc à un rôle de prise de conscience sur le monde étudiant d’autres réalités étudiantes de part le monde que se livre le mouvement associatif étudiant, contribuant à l’émergence d’une conscience humaine universelle et transformant de fait les modes d’engagement à venir des individus dans le monde social.

Cette conscience humaine universelle s’observe aussi au travers du développement du réseau A.E.I.S.E.C., qui depuis plus de cinquante ans, contribue à la création d’une identité mondiale chez les étudiants, par l’échange de stages et de stagiaires entre les différents continents. Structure de dimension internationale, cette organisation très atomisée développe un discours à la fois humaniste et volontariste, en même temps qu’une véritable conscience de l’Autre et de sa reconnaissance par la coopération. Ainsi, pour cette organisation, « la réussite dans la vie moderne dépend fortement de la capacité de l'individu à interagir avec son environnement, à favoriser le dialogue avec celui-ci. L'ouverture d'esprit face aux changements et à la différence est primordiale, au même titre que la capacité à coopérer avec des personnes de cultures différentes et à échanger avec eux » ( 371 ).

Cette recherche est complétée par la construction d’une identité nouvelle pour l’individu, dans laquelle il aura intégré et saura faire partager les différences. Cette organisation permet alors aux étudiants d’« apprendre des différents modes de vie et opinions représentés dans notre environnement multiculturel ». Lors de son retour chez lui, le stagiaire « assimile et met à profit son expérience, pour lui-même mais aussi pour son milieu d'origine ». Nous sommes ici en présence de l’émergence d’une identité responsable mondiale, dépassant les cadres nationaux établis lors de la modernité, tout en s’appuyant sur ces derniers comme apports culturels positifs.

Cette identité responsable mondiale n’est pas sans rappeler l’idée de démocratie culturelle développée par Touraine dans « Pourrons-nous vivre ensemble ? ». Cependant, tandis que ce dernier s’interroge sur le retard pris par la France dans la construction d’une société multiculturelle, nous voyons ici que cette dernière est depuis plusieurs dizaines d’années déjà dans les pratiques du monde associatif étudiant. De fait, l’impact de l‘action associative étudiante sur les modes futurs d’engagement des individus dans le monde social est là encore évident.

Cette conscience humaniste nouvelle s’affirme aussi dans un très fort engagement du secteur associatif étudiant français en direction de l’Europe, et ceci dès la création de la F.A.G.E. Ainsi, Jean-François Leconte, l’un des fondateur de la F.A.G.E. : « J’ai pensé à F.A.G.E. parce qu’il n’y avait pas France dedans, et je voulais que le nom soit porteur d’une ouverture sur l’Europe. C’est également pour cela que les statuts ont été déposés à Strasbourg, qui a une identité européenne » ( 372 ). Outre le fait que la F.A.G.E. se soit fortement battue pour intégrer et être reconnue par l’E.S.I.B. ( 373 ), elle développe une rhétorique fortement positive en direction de ce nouvel échelon de conscience individuelle. Ainsi, à partir de 1996, une rubrique intitulée « Brèves d’ailleurs » apparaît dans son journal interne. Celle-ci développe des informations sur des actions étudiantes de dimension européenne. Le n°19 de novembre 1996 présente par exemple le congrès annuel de l’E.S.I.B. et les thèmes de réflexion abordés par les représentants étudiants lors de celui-ci : Forum Nord-Sud, les différentes politiques d’Enseignement Supérieur, la société de la connaissance, la formation permanente. Le n°21 de décembre 1996 s’intéresse pour sa part à la place des étudiants français en Europe, qui sont les plus nombreux mais les moins mobiles, ainsi qu’à la question de savoir ce que signifie être citoyen d’Europe.

Dès cette époque, la F.A.G.E. s’inscrit dans une dynamique de promotion volontariste de l’idée européenne qui perdure encore aujourd’hui. Ainsi, après une présentation des possibilités de stages à l’étranger et des différentes modalités d’enseignement en Europe en novembre 1996 lors de son 19ème numéro de « Décisions Etudiantes », la F.A.G.E. va régulièrement mettre en avant au cours des numéros suivants des rubriques, des informations ayant trait à
l’Europe ( 374 ). Cette organisation contribue ainsi à créer chez les jeunes étudiants responsables associatifs une vraie conscience européenne. Cette implication en direction de l’Europe perdurera tout au long des bureaux et des équipes successifs de la F.A.G.E., le n°62 de décembre 2001 s’intéressant par exemple dans un dossier spécifique à l’Europe de l’Education, et dégageant toutes les dynamiques positives de celle-ci : validation des acquis de l’expérience, mise en place des E.C.T.S., développement de la professionnalisation des études supérieures, …

Dans le même temps, on trouve régulièrement, dans le cadre des activités associatives, des projets à dimension européenne. Ainsi, le n°21 (décembre 1996) nous apprend qu’une importante fédération locale étudiante a décidé de monter une semaine européenne, mêlant organisation de visioconférences avec des étudiants de pays étrangers, des opérations « café autour d’une langue, des expos, des repas au R.U. typique d’un pays, … ». Le n°24 de février 1997 du « Décisions Etudiantes » nous expose pour sa part l’organisation par une association étudiante de Droit du concours européen des Droits de l’Homme, consistant en une joute oratoire sur un cas fictif de violation des Droits de l’Homme. La quatrième de couverture sera entièrement consacrée à la dimension européenne des associations étudiantes, et sur l’investissement de ces dernières dans la dynamique institutionnelle d’ouverture vers l’Europe. Le n°25 de mars 1997 présente la semaine européenne organisée par la Fed’Aix, autour des thèmes de la monnaie européenne, de l’enseignement et de la recherche au niveau européen, de la citoyenneté européenne, et de la paix en Europe. Le n°31 (mai 1997) verra le démarrage d’une nouvelle rubrique dans le « Décisions Etudiantes », « A world of students : les infos qui viennent de loin », dans laquelle sont présentées des actualités variées sur la vie dans les campus à travers le monde. Des exemples similaires sont tout à fait visibles sur le journal « Factuel, la Revue » du réseau AnimaFac.

Cette dynamique n’est pas seulement liée au passage à la monnaie unique, même si l’on peut relever un certain effet conjoncturel : elle se poursuit tout au long des années suivantes. Ainsi, le numéro d’octobre 2003 comporte un dossier de quatre pages (soit un quart du journal), intitulé « Les assos en route pour l’Europe ! ».Dans ce dernier, sont abordées les questions de la construction de l‘Europe de l’Enseignement Supérieur, mais aussi et surtout l’accueil des étudiants étrangers, les échanges et la découverte des cultures, le rapprochement associatif européen. Ce dossier présente enfin l’E.S.I.B.,
l’E.U.A. ( 375 ), structures associatives à dimension institutionnelle européenne.

L’émergence de cette nouvelle conscience européenne chez les étudiants, qui rejoint les perspectives développées notamment par Habermas comme piste de sortie à l’enfermement du capitalisme mondiale dans « Après l’Etat-Nation », s’observe dans la pratique des réseaux internationaux et des institutions européennes dont font preuve dès cette époque les associations étudiantes
(cf. graphique n°47).

Graphique n°47 : les liens internationaux des associations étudiantes.
Graphique n°47 : les liens internationaux des associations étudiantes.

Source : enquête propre. Les résultats sont établis sur 1619 réponses.

Comme il est possible de le remarquer aux vues des deux tableaux
ci-dessus, 7,5 % des associations étudiantes entretiennent des contacts avec des structures associatives étudiantes d’autres pays, et 6,1 % d’entre elles entretiennent des rapports ponctuels à solides avec la C.E.E.

Ces résultats, qui semblent faibles, prennent cependant tout leur sens lorsqu’on les compare avec les pratiques des associations de l’ensemble du secteur sans but lucratif. Archambault montre en effet dans « Le secteur sans but lucratif » qu’à la même période, seulement 1,1 % des associations françaises se donnent pour objectif la réalisation d’activités internationales, chiffre qui lui-même est en cohérence avec les actions menées sur ce thème par nos voisins européens : 1,2 % ( 376 ). C’est donc un rôle fortement dynamique que joue sur ces thématiques le monde associatif étudiant, participant activement de la construction d’une conscience nouvelle tant de l’altérité que de l’appartenance à une entité institutionnelle dépassant le cadre de la Nation. Au travers de ces activités, se dessinent les formes des engagements collectifs à venir des individus sur le monde social.

A ce titre, c’est sous l’impulsion principale de la F.A.G.E. que sera créé en 2004 le MedNet ( 377 ), organisation transnationale des étudiants du bassin méditerranéen. Ce regroupement se donne pour objectif de favoriser les échanges et l’émergence de projets communs entre les étudiants des pays de l’espace méditerranéen. Cette organisation nouvelle n’est pas sans donner à voir une forme participative aux réseaux de plus en plus multiples qui se tissent depuis quelques années entre les différents acteurs de cette région. Il convient cependant de remarquer qu’il s’agit ici du premier réseau d’organisations aux membres élus, le vecteur de reliance n’étant pas ici un but économique, mais bien plus de développement social des populations.

Notes
363.

( ) En effet, « le passage à l'intégration de l'humanité au niveau planétaire en est certes encore à un tout premier stade. Mais les premières formes d'une nouvelle éthique universelle et surtout la progression de l'identification entre les êtres sont déjà nettement sensibles. De nombreux signes témoignent du développement d'un nouveau sens de la responsabilité à l'échelle mondiale en ce qui concerne le sort des individus dans la misère, indépendamment de leur appartenance nationale ou ethnique et de leur identité collective en général ». ELIAS Norbert, La société des individus, Fayard, 2005, p 221 & 222.

364.

( ) Dossier Etudiants : L'express, N°2515, semaine du 16 au 22 Septembre 1999. Enquête SCP communication, pour l'Express et l'Etudiant. Juin 1999.

365.

( ) Décisions Etudiantes n°53, décembre 2000, p 9.

366.

( ) Décisions Etudiantes n°53, décembre 2000, p 9.

367.

( ) Union des Etudiants Juifs de France.

368.

( ) Décisions Etudiantes n°79, octobre 2003.

369.

( ) Décisions Etudiantes n°84, avril 2004, p 15.

370.

( ) Union Nationale des Etudiants Algériens.

371.

( ) http://www.fr.aiesec.org . Réflexions sur les enjeux internationaux, témoignages, préparation d'autres stagiaires.

372.

( ) Décisions Etudiantes n°88, novembre 2004, hors série, p 3.

373.

( ) European Student International Board. La F.A.G.E. aura eu de nombreuses difficultés à intégrer cette organisation, du fait de la présence en son sein de l’U.N.E.F.-I.D., qui revendiquait l’hégémonie de la représentation des étudiants de France.

374.

( ) L’édito du n°58 de « Décisions Etudiantes » développe par exemple un discours clair et explicite en ce sens : « Nous, étudiants qui vivrons l’Europe de demain, avons le devoir de porter cet idéal et de faire en sorte, quelque soit notre niveau de responsabilités et nos moyens d’actions, que la mobilité européenne concerne, dans l’avenir, la majeure partie des étudiants européens ». Signé par Stephen Cazade, président d’alors de la F.A.G.E., il montre bien toute l’implication du mouvement associatif étudiant en direction de ces dynamiques d’ouverture.

375.

( ) Association Européenne de l’Université, organisation représentative des universités en Europe qui rassemble toutes les universités du continent, ainsi que les recteurs de l’Union Européenne.

376.

( ) Même si les questions n’étaient pas formellement équivalentes entre l’enquête sur laquelle travaille Edith Archambault et la nôtre, il convient de remarquer que dans 70 % des cas, les associations étudiantes qui ont répondu positivement à ces questions sont des associations thématiques, qui de ce fait ne se concentrent que sur une activité. Dans 25 % des cas, il s’agit d’associations de filières, qui mènent cette activité de lien international en même temps que d’autres, dans la même manière que pour les fédérations.

377.

( ) The Mediterranean Network of Student Representatives.