La productivité :
Un facteur-clé attaché au couple Conducteur/Véhicule

L’évolution de la donne sociale, associée à l’augmentation du cours du baril de pétrole ont fortement influé sur les conditions d'exploitation des entreprises de transport routier de marchandises. La recherche de gains de productivité engendre des modifications organisationnelles qui tendent toutes à accroître la productivité des deux facteurs-clés de production : le conducteur et le véhicule.

En ce qui concerne le véhicule, la productivité est perçue par l'entreprise comme liée au nombre de kilomètres produits et donc, principalement, à l'absence de temps d'immobilisation ainsi qu’à sa consommation. La rationalisation des trafics est un paramètre sur lequel ont joué de nombreux chefs d'entreprise. Contrairement à ce qui se passait avant le Contrat de Progrès10, tous les frets ne sont plus acceptés, et certaines entreprises ont diminué leur rayonnement géographique, voire abandonné certaines destinations. D’autres ont segmenté la zone longue en tronçons de zone courte (relais) sur lesquels le véhicule peut « tourner » quasiment vingt quatre heures sur vingt quatre. Toutes les entreprises ont cherché à diminuer les retours à vide. Enfin, le prix d’achat du véhicule est l’un des éléments à prendre en compte en termes de productivité. Les entreprises ne sont pas enclines à payer plus cher un équipement complémentaire quand la réglementation ne les y oblige pas ou si elles ne peuvent en amortir le surcoût. Il est donc important, lors de la démarche de conception d’un nouveau système d’assistance, de tenir compte de deux spécificités qui démarquent le camion de l’automobile : la productivité attachée au camion et le fait que l’acheteur du camion ne soit pas l’utilisateur final.

Quant au conducteur, les modifications visent à limiter les temps improductifs, les déplacements longue distance et les frais induits. La contrainte accrue des temps de service, et la nécessité d'améliorer la productivité du capital investi ont ainsi abouti à une déconnexion grandissante du couple homme-machine. Depuis quelques années, un accroissement très sensible de la proportion de conducteurs dont le camion est également utilisé par d'autres a été observé. Cette tendance a pour effet un désintérêt progressif des conducteurs envers le véhicule qu’ils partagent. Pour ces conducteurs, le camion devient de plus en plus un « simple » outil de travail, une machine à laquelle n’est plus attachée la même valeur affective qu’autrefois.

Notes
10.

Accord social du 23 novembre 1994 sur le temps de service, les repos récupérateurs et la rémunération des personnels de conduite pour le transport de marchandises « grands routiers »