Infrastructures et aléas : des contraintes pour un véhicule lourd

La diversité des infrastructures routières (Annexe 1) ainsi que celle des nombreux éléments qui les composent (signalisations réglementaires, panneaux informatifs, constructions diverses…) permettent aux conducteurs de circuler d’une façon efficiente la plupart du temps. Toutefois, le réseau routier n’est pas accessible dans sa totalité aux véhicules lourds. Cela peut être dû, soit à des réglementations locales (interdictions liées au tonnage du véhicule…), soit à des restrictions temporaires (barrières de dégel…), soit à des ouvrages particuliers (ponts ou trémies avec des hauteurs maximales…). De plus, la signalisation routière, notamment en termes de sécurité (vitesse de franchissement d’un virage…) et de limitations de vitesse, est rarement à destination des véhicules lourds. Les conducteurs de camion se trouvent contraints d’ignorer certaines des consignes affichées par le biais de la signalisation pour appliquer celles qui conviennent aux caractéristiques de leur véhicule. De surcroît, toutes les routes ne leur étant pas accessibles, ils doivent parfois modifier leur itinéraire en temps réel sans avoir toujours toutes les informations à leur disposition. Enfin, certaines routes comportent des virages très serrés (en montagne), et certaines voies en milieu urbain, rendent la circulation des véhicules lourds difficile, voire impossible. Confrontés à ces situations extrêmes, les conducteurs peuvent être amenés à effectuer des manœuvres délicates pour s’en dégager.

Outre ces caractéristiques générales, certaines routes possèdent des dévers qui peuvent engendrer des risques particuliers pour les véhicules lourds (renversements, sortie de route). De plus, les ruptures de profil représentent des contraintes spécifiques pour les camions, tant en termes de sécurité (risque de surchauffe des freins en descente12) qu’en termes de productivité (impact important sur la consommation). Enfin, les zones de travaux peuvent aussi représenter des contraintes supplémentaires pour les poids lourds. D’une part, les rétrécissements sur certaines routes peuvent poser des problèmes de franchissement de la zone. D’autre part, les chicanes installées sur les autoroutes pour faire basculer le trafic d’une voie à l’autre sont sources de renversements13 de véhicules lourds.

Par ailleurs, la complexité de l’environnement routier est dépendante des événements à survenue largement aléatoire que sont les conditions météorologiques. Certaines de ces conditions sont plus contraignantes pour les véhicules lourds que pour les autres véhicules. Ceux-ci présentent notamment une prise au vent plus importante, en raison de leur masse, leur ralentissement est plus délicat sur une surface mouillée ou glissante et les risques de collisions par manque de visibilité (brouillard, neige) sont plus élevés du fait de leur poids et de leur inertie au freinage. Enfin, en cas de chaussée enneigée, il leur est souvent difficile de franchir certains dénivelés. Qui n’a pas, en mémoire, l’image de files de poids lourds arrêtés sous la neige en travers de la chaussée et bloquant parfois plusieurs voies d’autoroutes ?

Tous ces éléments contribuent à la complexité du système routier. Cependant, du fait de leurs comportements souvent imprévisibles, les usagers de la route, composante humaine du système, ajoutent un élément dynamique non négligeable aux situations routières.

Notes
12.

D’où l’intérêt des ralentisseurs Telma mais surtout du freinage à récupération…

13.

Informations recueillies auprès des responsables circulation du poste de commande des Autoroutes du Sud de la France.