Modèle de l’activité de conduite (Michon, 1985)

S’inspirant des travaux de Rasmussen (1983) que Michon (1985) a proposé un modèle tripartite de l’activité humaine qui, depuis, a été appliqué à la conduite automobile dans de nombreux travaux (Navarro, 2008). A la différence de Rasmussen chez qui les niveaux de régulation réfèrent à des processus internes à l’individu, la taxinomie de Michon s’appuie sur les caractéristiques de la tâche.

Michon considère l’activité humaine et plus spécifiquement l’activité de conduite comme un ensemble de tâches simultanées, mais ayant des exigences temporelles et cognitives différentes. De fait, selon l’auteur, plus une tâche exige une réponse rapide, moins elle est coûteuse d’un point de vue cognitif. Cette approche est d’ailleurs compatible avec la notion de régulation de l’activité de Rasmussen, de même qu’avec l’architecture cognitive de Richard dans lesquelles on retrouve les notions d’automatisation et de contrôle des processus de traitement de l’information.

Le modèle de Michon décrit trois niveaux hiérarchiques pour catégoriser les tâches qui composent l’activité de conduite automobile, et plus largement l’activité humaine : le niveau stratégique, le niveau tactique et le niveau opérationnel (Figure 6).

Figure 6 : Représentation de l’activité de conduite selon Michon (1985)

Au niveau stratégique, niveau supérieur du modèle, les tâches exigent un investissement cognitif élevé et des ressources attentionnelles disponibles. En revanche, l’exigence temporelle de ces tâches est relativement faible. C’est à ce niveau que se situent les tâches de planification de l’itinéraire et de navigation (Michon, op. cité).

Au niveau tactique, niveau intermédiaire du modèle, les tâches relèvent des prises de décision concernant les actions qui vont être mises en œuvre dans les instants qui suivent. Le coût cognitif de la tâche est moins élevé qu’au niveau supérieur, mais son exigence temporelle est relativement forte. Ce niveau regroupe diverses actions de pilotage du véhicule telles que le dépassement, la distance inter-véhiculaire, la décision de s’arrêter pour céder le passage à un piéton hors passage protégé ou encore l’anticipation d’une situation (virage, feu tricolore…).

Enfin, le niveau opérationnel correspond à l’exécution des actions décidées aux niveaux supérieurs. Situé au plus bas dans la hiérarchie du modèle, les tâches dépendant de ce niveau sont automatisées. Leur coût cognitif est très faible, voire inexistant mais l’exigence temporelle liée à ces tâches est très élevée. Ce niveau regroupe de nombreuses tâches de guidage et contrôle de trajectoire, d’exécution motrice des manœuvres (donner tel angle au volant pour franchir un virage, passer le rapport correspondant à la situation en cours…).

La taxinomie de Michon, par son approche de l’activité de conduite en fonction des tâches qui la composent, semble pertinente, non seulement dans la démarche ergonomique de conception d’un système d’assistance à la conduite, mais aussi pour l’étude des comportements des usagers vulnérables (Tom, Auberlet, Brémond, 2009).