Mémoire de travail, mémoire opérationnelle et mémoire à court terme

La mémoire à court terme ou mémoire immédiate permet le stockage temporaire de l’information avant son passage en mémoire à long terme et/ou son utilisation immédiate pour l’action en cours, elle est alors traitée en mémoire de travail. Sa capacité est limitée, l’empan mnésique est égal à 7 ± 2 items, et la durée de rétention de la trace mnésique est de l’ordre de 30 à 90 secondes.

Si la mémoire de travail peut être considérée comme une extension de la mémoire à court terme, du point de vue des activités mentales, il semble néanmoins préférable de confondre les deux systèmes (Richard, 1998) pour ne plus considérer que le système de mémoire de travail. Celle-ci présente l’avantage de permettre à la fois le stockage de l’information et les traitements cognitifs sur son contenu. Cependant, la limitation de la capacité de la mémoire de travail entraine une limitation de sa capacité de traitement et rend compte des phénomènes attentionnels.

D’un point de vue structuro-fonctionnel, le modèle de la mémoire de travail proposé par Baddeley et Hitch en 1974 est composé de trois sous-systèmes, la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial, tous deux contrôlés par le processeur central. En 2000, Baddeley a complété le modèle avec un buffer épisodique qui est une sorte de mémoire tampon temporaire.

Enfin, dans le cadre de nos travaux, la relative indépendance des deux sous-systèmes de la mémoire de travail (calepin visuo-spatial et boucle phonologique) nous semble importante pour définir la forme, visuelle et/ou sonore, que prendront les interfaces homme-machine des systèmes d’assistance ainsi que les stratégies de présentation des informations et alarmes.

Dans le domaine de la psychologie ergonomique, la notion de mémoire de travail est remplacée par celle voisine de mémoire opérationnelle (Bisseret, 1970 ; Sperandio, 1988). La mémoire opérationnelle est un système transitoire dans lequel la trace mnésique serait beaucoup moins fugace qu’en mémoire à court terme. Elle est structurée par les exigences de la tâche à accomplir c'est-à-dire que l’information y est maintenue temporairement et activée par et pour l’action. Lors de la réalisation d’une tâche donnée, la mémorisation est dépendante des objectifs de la tâche et la trace mnésique est maintenue tant qu’elle est utile pour cette tâche. Selon Richard (1998), le contenu de la mémoire opérationnelle est constitué des représentations cognitives, notion centrale en psychologie ergonomique, c'est-à-dire des informations stockées en mémoire de travail et des informations actives de la mémoire à long terme.

C’est en mémoire opérationnelle que tous les traitements relevant des processus non automatisés sont effectués (cf. Modélisation de l’activité humaine finalisée, p. 38). Tout comme la mémoire de travail, la mémoire opérationnelle est particulièrement sensible aux interférences et aux défauts d’attention.

Dans le cas de l’activité de conduite d’un véhicule, d’un point de vue conceptuel, nous préférons conserver le terme de mémoire opérationnelle plutôt que celui de mémoire de travail qui nous semble plus restrictif pour rendre compte d’une action finalisée. D’un point de vue fonctionnel, pour la suite de ce travail, nous ferons l’hypothèse d’une analogie structurelle entre le modèle de mémoire de travail de Baddeley (2000) présentée ci-dessus et la mémoire opérationnelle.