Des schémas pour l’action

Il semble difficile d’évoquer la notion de schémas pour l’action sans évoquer celle de schème d’action, ces deux notions étant souvent associées, quand elles ne se confondent pas, selon les théories et les auteurs.

Les concepts de schémas d’action et de schèmes se retrouvent dans divers cadres théoriques en psychologie cognitive : ils sont impliqués notamment dans le développement cognitif, dans l’apprentissage et l’acquisition des connaissances, dans la résolution de problème, et plus généralement, dans les théories traitant des activités mentales et des activités humaines finalisées. Cependant, bien que présentant de nombreuses similitudes, il convient de distinguer schème et schéma d’action (Richard, 1998).

Les schèmes sont, comme les connaissances procédurales, particularisés pour certains contextes (Richard, op. cité). Ils sont directement opérationnels et exécutables sans nécessiter de mécanismes de programmation de l’action. Ce sont des cadres qui, une fois activés, constituent « des systèmes d’hypothèse » qui permettent de reconnaître le stimulus présenté (Rabardel, 1995). Les schèmes sont des représentations de connaissances procédurales, c'est-à-dire qu’ils contiennent « des variables auxquelles sont attachées des procédures de spécification » (Rabardel, op. cité). Les deux principales propriétés des schèmes sont la reproductibilité : un schème est applicable à plusieurs situations similaires ; et l’assimilation : en s’appliquant à des situations nouvelles, le schème peut assimiler ces situations et les objets qui les composent (Piaget, 1975). Pour résumer, selon Piaget (op. cité), le schème d’une action est l’ensemble organisé des caractères généralisables de l’action : il permet de répéter la même action ou de l’appliquer à de nouveaux contenus. Pour reprendre l’exemple du feu tricolore, le schème de l’action décrit ci-dessus pour un conducteur donné sera composé des mêmes éléments déclaratifs et procéduraux, mais l’action pourra s’appliquer différemment en fonction du contexte routier, du type de véhicule, de l’état physiologique du conducteur ou du but du déplacement. A la fin de l’action, les résultats obtenus viendront enrichir le schème pour construire et encoder un schéma d’action.

Selon Rumelhart (1978) cité par Sébillotte (1993), les schémas sont des éléments fondamentaux à partir desquels se base tout traitement de l’information. Ils permettent l’interprétation des stimulations sensorielles issues des rencontres du sujet avec les objets de l’environnement. Ce sont des unités de traitement et de signification qui servent à orienter la récupération des informations en mémoire et la répartition des ressources et qui permettent de guider le déroulement des processus de traitement de l’information. Ils constituent un cadre de référence à partir duquel la situation sera interprétée, Le cadre de référence peut être un événement, un objet, un concept : il s’agit toujours d’une connaissance générique construite à travers un certain nombre d’expériences vécues. Tout comme les schèmes, les schémas sont des systèmes relationnels entre variables à particulariser (Sébillotte, op. cité), ils ne sont pas liés à une utilisation particulière et peuvent s’appliquer à différentes situations concrètes. Les variables du schéma sont destinées à être remplacées par des éléments spécifiques de la situation rencontrée qui permettront d’instancier23 (Richard, 1998) le schéma pour l’action.

Enfin, selon Richard (op. cité), les schémas d’action sont la forme sous laquelle la connaissance se rapportant à l’action est stockée.Ils sont constitués d’un ensemble de connaissances déclaratives et procédurales qui sont reliées et actives. Un schéma d’action représente une situation donnée montrant les interrelations entre les événements qui composent cette situation. Ils contiennent des informations sur le résultat de l’action, les différentes façons d’obtenir ce résultat et les pré-requis impliqués dans chaque cas. Dans le cadre de ce mémoire, nous ferons préférentiellement référence aux schémas d’action dans la mesure où d’une part, ils représentent une situation complète et spécifique avec ses tenants et aboutissants, et, d’autre part, selon l’auteur, à la différence des schèmes, les schémas d’action sont des connaissances déclaratives qui semblent plus facilement explicitables. Ainsi, dans le cadre d’une activité finalisée, la réalisation de chaque tâche donne lieu à l’activation temporaire en mémoire opérationnelle du schéma d’action correspondant qui, associé à la représentation de la situation en cours (données contextuelles), constituent une représentation fonctionnelle.

Notes
23.

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