Les représentations sociales

Les représentations sociales sont des reconstructions relativement stables de réalités physiques, psychiques ou sociales perçues et interprétées par les individus. Elles sont socialement élaborées et partagées (Abric, 1994), constituées à partir des expériences et des informations, savoirs et modèles de pensée reçus et transmis par la tradition, l’éducation et la communication sociale. Ces représentations participent à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ou culturel donné. Elles sont composées d’éléments cognitifs, liés entre eux par des relations plus ou moins fortes et qui ne sont pas tous structurellement équivalents. Moscovici en 1961 avance la notion de noyau figuratif qui constituerait une base stable autour de laquelle pourrait se construire la représentation. Cette notion est reprise par Abric (1976, 1987) avec la « théorie du noyau central » selon laquelle une représentation sociale s’organise autour d’un noyau central, composant fondamental qui détermine la signification et l’organisation de la représentation et qui est caractérisé par une cohérence et une stabilité des éléments, facteur de résilience lui permettant de résister aux changements. Ces éléments du noyau central servent de critères discriminants dans la catégorisation des objets rencontrés. Autour du noyau central, de nombreux éléments s’organisent en un « système périphérique ». Ce système contient la grande majorité des éléments de la représentation organisés selon une hiérarchie fonctionnelle : plus un élément est proche du noyau de la représentation, plus il en concrétise durablement la signification. Dans cette approche, les éléments périphériques sont considérés comme une « interface entre le noyau central et la situation concrète dans laquelle s’élabore ou fonctionne la représentation » (Flament, 2003). Ils sont évolutifs et permettent à la représentation de s’enrichir au gré des expériences rencontrées par l’individu. Certains éléments peuvent être circonstanciellement saillants ou « suractivés » et peuvent même paraître centraux ; tous peuvent évoluer voire disparaître de la représentation.

Pour résumer, les représentations sont fonction des connaissances et de la trace des expériences vécues par l’individu ; elles ont un rôle d’orientation des comportements et attitudes (Jodelet, 1989). Ainsi, toute rencontre significative avec un objet de l’environnement génère la construction d’une représentation en mémoire à long terme. Cette représentation n’est pas une image à l’identique de l’objet perçu à un moment, elle est une reconstruction de cet objet, enrichie et modulée par les connaissances et expériences de l’individu, par ses croyances, ses valeurs et ses normes. Cette représentation n’a valeur de vérité que pour l’individu qui l’a construite. Chaque nouvelle rencontre avec l’objet fera évoluer et viendra altérer la représentation existante en mémoire. Enfin les représentations peuvent être considérées comme une forme de connaissances, notamment dans le domaine de la psychologie cognitive (Richard, 1998). Au même titre que les connaissances, toute représentation en mémoire à long terme peut être activée pour constituer tout ou partie d’une représentation fonctionnelle.