Absence de contrôle intentionnel

La seconde caractéristique majeure des automatismes est liée à l’absence de contrôle volontaire sur le déroulement de l’action en cours. Elle s’observe dans des situations particulières où une rupture dans les régularités de l’environnement fait que l’occurrence d’un automatisme habituellement adapté intervient comme une perturbation (Perruchet, 1988b). Ainsi, le caractère non délibéré d’un traitement est mis en évidence quand il y a nécessité de déployer une activité inhibitrice pour mettre un terme au déroulement du processus. Nous rappellerons l’exemple de l’itinéraire suivi par habitude pour illustrer cette perturbation : l’obligation d’un changement quelconque dans cet itinéraire nécessite un « effort » d’attention particulier pour ne pas suivre l’itinéraire initial et, par conséquent, perturbe le déroulement automatique de l’action. Cette caractéristique est notamment observée dans les situations naturelles au travers des « ratés » ou des « lapsus de l’action » (Norman, 1981, Leplat, 1985, Reason, 1994). Selon Perruchet, elle est aussi observée dans les tâches, par la persistance d’un comportement antérieurement adapté. Par ailleurs, une situation particulière, souvent évoquée pour illustrer l'absence de contrôle intentionnel des traitements automatiques, est celle dite de « l'effet Stroop » (). Cette situation est observée quand l’exécution simultanée de deux tâches provoque une interférence que l’on peut qualifier de cognitive.

Toutefois, s’il semble difficile de contrecarrer les effets du traitement automatique, Piaget (1973, 1974) soutient l’idée d’un contrôle volontaire et intentionnel sur l’automatisme pour en corriger le déroulement lorsque celui-ci est inadapté. De plus, il semble que l’absence de contrôle s’exerce essentiellement sur le déclenchement initial d’un traitement plutôt que sur son déroulement(Hasher et Zacks, 1979). Selon Logan (1985), de nombreux travaux montrent que « l’homme possède une excellente capacité à suspendre le déroulement normal de l’action, comme de la pensée ». Ces dernières remarques plaident en faveur d’une certaine relativité quant à l’absence de contrôle intentionnel des traitements qualifiés d’automatique.