Modalités de contrôle des processus

Par définition, un processus contrôlé est un processus qui est sous le contrôle attentionnel direct de l’individu (Camus, 1996). Celui-ci peut modifier à tout moment le déroulement du processus engagé en fonction de l’évolution de la situation en cours, des informations et modifications de l’environnement et des résultats et conséquences de la réalisation de l’action. C’est le mode de traitement privilégié quand la situation est nouvelle, peu familière ou instable. Il y a alors nécessité de maintenir l’activation des paramètres de la situation en mémoire opérationnelle et de sélectionner la solution adaptée à ces paramètres. A la différence des processus automatiques, les processus contrôlés se déroulent de manière consciente et intentionnelle, ils sont plus lents et exigent une mobilisation des ressources attentionnelles (Shiffrin, 1988, Camus, op. cité).

Les processus attentionnels permettent une souplesse, une flexibilité de l’activité mentale de même qu’une résistance à la distraction.Ils permettent d’ajuster, de corriger les actions en cours en fonction de l’évolution des situations. Cette flexibilité répond aux diverses réorientations de la focalisation attentionnelle qui peuvent avoir des origines diverses, externes (stimulations issues de l’environnement par exemple) ou internes à l’individu « rafraichissement épisodique de la focalisation » qui semble nécessaire au bon fonctionnement du système humain de traitement de l’information, (Camus, 1996). Ces réorientations de l’attention sont d’autant plus fréquentes - pour ne pas dire continuelles – que l’environnement est varié et complexe. Elles ont généralement des effets positifs, par exemple pour réagir correctement face à une situation inattendue, pour modifier un plan d’action lorsqu’il se révèle inadapté à la situation ou plus simplement pour maintenir un niveau de vigilance compatible avec l’activité engagée. Toutefois, elles peuvent aussi avoir des effets perturbateurs en termes de distraction24, notamment quand l’environnement envoie un nombre trop important de stimulations vers l’individu. Cela peut s’appliquer notamment aux stratégies de fonctionnement des systèmes informatifs dans les véhicules : une série de signaux d’alerte surgissant rapidement et en succession imprévisible risque de détourner l’attention du conducteur dans des directions chaque fois différentes, ne permettant ni un traitement approfondi des signaux (manque d’attention maintenue), ni l’émergence d’une solution cohérente permettant de répondre vite et efficacement à la situation d’urgence25.

Notes
24.

Il peut y avoir un effet négatif de la lenteur des processus contrôlés : divers incidents nucléaires ont pris de l’ampleur du fait de la suspension des procédures de gestion d’alarmes par des opérateurs humains soucieux de comprendre, mais bien trop lents.

25.

On parle d’effet d’avalanche quand une alarme prélude à d’autres, qui tendent à saturer les systèmes de décision.