De l’automatisme à l’habileté cognitive

Pour Logan (1985), si l’automatisme porte sur les composantes élémentaires d’une activité globale, l’habileté, en revanche, est une activité globale constituée de la combinaison de composantes ayant des degrés divers d’automatisation. Par ailleurs, il précise que ces habiletés ne peuvent être réduites à la somme des composantes qu’elles intègrent. De son côté, Leplat (1988), définit une habileté cognitive comme étant la capacité qu’a, un individu, à effectuer un ensemble de tâches plus ou moins complexes, généralement situées dans le cadre d’une activité finalisée. Cette notion, à laquelle il est souvent fait référence dans le domaine de l’ergonomie cognitive, diffère de celle de l’automatisme cognitif dans la mesure où elle est décrite comme ayant un caractère adaptatif et finalisé. De plus, selon Pailhous (1987), bien que tout individu ait « la possibilité de piloter cognitivement ses activités sensorimotrices, très fréquemment, il se contente d’influencer des synergies automatiques ou automatisées sans en modifier les propriétés fondamentales ». Les habiletés comprennent donc un ensemble d’invariants structuraux, lescomposantes automatisées, organisées en vue d’une activité spécifique : un individu est habile à piloter un avion, à conduire un camion, à établir un diagnostic, mais pas seulement à tirer sur un manche, à appuyer sur une pédale, à tenir un stéthoscope. A partir de ces exemples, il est facile de constater que la notion d’habileté se rapproche de celles de compétences, d’aptitudes et d’expertise. Comme Leplat (op. cité), nous pensons qu’il ne faut pas faire une dichotomie systématique entre les concepts d’habileté et d’habileté cognitive (de même qu’entre charge de travail et charge mentale ou travail physique et travail mental), toute habileté étant, d’une façon ou d’une autre, plus ou moins cognitive. Dans les paragraphes qui suivent, nous utiliserons donc indifféremment le terme d’habileté et d’habileté cognitive.