Modèle générique du fonctionnement humain dans les activités finalisées

D’un point de vue structurel, notre modèle s’inspire du modèle de Martin (2005), p.41. C’est un modèle dynamique qui situe, de façon écologique, le déroulement de toute activité humaine, de la prise d’information à la finalisation de l’action. Il repose sur l’idée que, bien qu’il existe diverses activités finalisées donnant lieu à une multiplicité de comportements humains, l'individu ne dispose que d’un nombre fini de dimensions permettant son adaptation à l’environnement. De plus, le modèle s’appuie sur le principe que les processus pour décoder l’information et les modalités des prises de décision qui aboutiront à une action sont identiques pour tous les individus. Les différences comportementales s’exprimeront par la médiation de l’espace et du temps, de l’histoire personnelle et des expériences de chaque individu. Elles dépendront du contexte au sens large dans lequel se déroule l’activité et des stimulations qui en découlent, des objectifs et attentes de l’individu et de la société à son égard, ainsi que des résultats et contraintes de l’activité sur l’individu (Figure 11).

Figure 11 : Modèle fonctionnel du comportement humain dans les activités finalisées

Pour reprendre la terminologie adoptée par Martin (op. cité), notre modèle se compose de quatre sous-systèmes fonctionnels :

  • Un sous-système d’information,
  • Un premier sous-système de décision « non conscient »,
  • Un second sous-système de décision « conscient »,
  • Un sous-système d’action.

La démarche menant de la prise d’information à l’action se déroule sur un décours temporel comportant deux phases distinctes :

  • Une phase interne et passive dans laquelle se retrouvent le sous-système d’information et le premier sous-système de décision. C’est la phase qui correspond aux processus se déroulant sans accès à la conscience de l’individu (traitements perceptifs, activation des représentations en mémoire, automatismes…), stimulations et appropriations des objets de l’environnement.
  • Une phase externe et active, dans laquelle se retrouvent le second sous-système de décision et le sous-système d’action. Les décisions et actions qui relèvent de cette phase sont directement observables et « conscientes ». C’est la phase des processus contrôlés, de la résolution de problème, de la finalisation de l’action (comportements, conduites et attitudes).

Les entrées du système sont composées des stimulations émises par les objets de l’environnement au sens large. Il ne s’agit pas uniquement de l’environnement spécifique à l’activité considérée, mais aussi de l’environnement personnel, social et culturel de l’individu. Ces stimulations sont modulées par les appropriations que l’individu se fait de cet environnement. De plus, les résultats de l’action en cours sont susceptibles d’orienter la prise d’information et le traitement des stimulations.

Les sorties du système sont les résultats de l’action. Ces résultats s’expriment en tant qu’atteinte ou non des objectifs et en tant que coût, physique et psychologique, imposé à l’individu par l’activité et objectivé par la charge de travail. De nature multidimensionnelle, cette charge prend en compte les contraintes inhérentes à la nature de l’activité et aux stimulations de l’environnement, mais aussi le résultat des interactions entre la tâche et l’individu, en termes de satisfaction par rapport à sa performance, d’effort pour atteindre le résultat et de stress engendré par la situation. Les résultats de l’action, perçus par l’individu, ainsi que l’expérience ressentie du coût imposé par l’activité, viendront enrichir le système cognitif sous la forme de nouvelles connaissances, de représentations de la situation, ou de marqueurs somatiques (Damasio, 1995).

Ainsi, dans ce modèle, tous les modules représentés constituent des constantes qui interviennent nécessairement dans le déroulement du fonctionnement cognitif humain pour aboutir à une action finalisée. Cependant, si d’un point de vue fonctionnel, toutes sont incontournables, elles diffèrent du point de vue de leur contenu pour une activité donnée et pour un individu donné. Comme pour de nombreux modèles utilisés en ergonomie, il sera donc nécessaire de l’adapter à l’activité ou à la situation de travail étudiée en insérant dans chaque module le contenu pertinent et utile à l’analyse.