Nouvelles technologies d’assistance et conduite d’un véhicule industriel

Dans le domaine de la sécurité routière, le conducteur est depuis toujours considéré comme le composant du système à l’origine de la majorité des dysfonctionnements.

C’est pourquoi, sous l’action des constructeurs, des pouvoirs publics et des gestionnaires locaux, l’objectif est la conception de « véhicules intelligents », bénéficiant de plus en plus des développements de l’informatique, et capables de déplacer les personnes et les biens de façon efficace, écologique et sûre (Hillmeyer, 2004).

Rendre le transport routier plus sûr, la conduite des véhicules industriels moins éprouvante et leur insertion dans le trafic plus fluide suppose :

  • d’automatiser un nombre croissant de tâches composant l’activité de conduite,
  • de disposer d’outils d’aide à la décision capables, dans un environnement à risques, d’émettre des conseils de pilotage (par ex. fonction prédiction de renversement), voire d’activer automatiquement une fonction décisive (par ex. freinage d’urgence face à une menace de collision).

La démarche de conception des systèmes déjà commercialisés (ABS, ESP…) ou en cours de développement (Lane Keeping, Adaptive Cruise Control…) repose sur l’idée que les actions du conducteur doivent pouvoir, dans certains cas, être relayées par des automatismes capables de rétablir des conditions de roulage conformes aux critères requis par la sécurité. Il ne s’agit pas pour autant de substituer la machine à l’homme, mais plutôt de définir une sphère de protection laissant intervenir les systèmes technologiques chaque fois que ceux-ci s’avèrent plus performants que la décision humaine (Stich, 2004).

Néanmoins, l'essor rapide des nouvelles technologies fait apparaître de nouveaux problèmes, notamment d’ordres psychologique et cognitif, qu’il convient de prendre en considération dès la conception. Paradoxalement, l'ajout de systèmes "intelligents" dans les véhicules augmente souvent la charge de travail des conducteurs et la multiplication des retours informatifs peut avoir un impact dispersif sur l’attention et par conséquent sur la sécurité.

De manière générale, les aides à la conduite ont pour principal objectif l’amélioration de la sécurité, tout en favorisant le confort de la conduite (safety enhancing technologies). Elles sont développées pour faciliter l’activité de conduite et utiliser au mieux les performances du véhicule tout en maintenant un niveau optimal de sécurité pour le conducteur et l’environnement routier. Toutefois, ces dernières années ont vu apparaître de nombreux systèmes « embarqués » plus ou moins dépendants du véhicule mais sans objectif sécuritaire (safety impacting technologies),c’est le cas du téléphone portable ou des outils de gestion de flotte. Ces différents outils, qui sont utilisés régulièrement par les conducteurs routiers dans le cadre de leur activité de travail ont pour effet de multiplier les sources de distraction pendant la conduite du véhicule.

Non seulement le conducteur doit piloter son véhicule en assurant la responsabilité des biens transportés et la sécurité des autres usagers de la route, mais il doit aussi gérer une multitude de systèmes, fournir des consignes, surveiller l’environnement, communiquer avec l'extérieur... Ces systèmes modifient en profondeur l’activité et par conséquent le métier de conducteur routier.

Il est donc nécessaire d’accorder une attention particulière, à la fois aux interfaces qui vont permettre les interactions entre l’homme et la machine, et surtout, à l'utilisateur final, et ce, dès la conception des véhicules, sous peine de développer des systèmes qui ne seront pas (ou mal) acceptés par les conducteurs et donc sous-utilisés, voire rejetés ou détournés.