Les interfaces « mains libres »

Le rapport entre l'utilisation des interfaces mains libres ou basées sur la parole, et la distraction du conducteur est moins évident, mais la recherche indiquant « la distraction cognitive » comme préoccupation de sécurité routière s'accumule (Chapon, Gabaude, Fort, 2006). L'Institut d'Assurance pour la Sécurité de la Route49 a rapporté que : quand les conducteurs utilisent un téléphone portable en conduisant, le risque d’avoir un accident assez sérieux pour nécessiter une attention médicale est multiplié par quatre (McEvoy et al, 2005). Cette étude a également conclu que l’utilisation d'un téléphone mains libres n'était pas plus sûre que celle d’un portable.

Un certain nombre d'études sur simulateur ont examiné l'impact de la distraction cognitive sur le comportement du conducteur. Strayer et Johnston (2001) ont constaté que les effets distractifs d’une conversation téléphonique pendant la conduite étaient identiques quelle que soit la configuration du téléphone (mains libres ou non) : les conducteurs sont plus susceptibles de manquer les panneaux de signalisation et réagissent plus lentement aux signaux détectés qu’en situation sans conversation téléphonique. Dans une étude postérieure, l’utilisation d’un téléphone mains libres a augmenté de 18% les temps de réaction des participants (freinage), par rapport à une conduite sans discussion téléphonique (Strayer et Drews, 2004).

Les exemples sont nombreux, mais l’ensemble des chercheurs travaillant sur cette problématique s’accorde sur l’orientation des résultats : conduire en téléphonant avec un système mains libres n’est pas plus sécuritaire qu’avec un téléphone cellulaire classique.

La recherche s’est élargie, au-delà des téléphones portables, au domaine plus grand des interfaces susceptibles d’être utilisées dans le véhicule. Lee et al. (2001) ont rapporté un retard de freinage de 300 ms (soit 7,5m à 90 km/h) quand les conducteurs ont utilisé un système d'e-mail piloté par la parole, tout en conduisant sur un simulateur. Plus tard, Harbluk et Lalande (2005), toujours sur simulateur, ont observé des réductions ou des retards dans la détection des stimuli visuels dans les rétroviseurs latéraux quand les conducteurs interagissaient avec un système identique au précédent.

Globalement, l’utilisation des technologies mains libres diminue la fréquence des regards sur les régions informatives de l’environnement routier (feux de circulation, intersections) et du véhicule (rétroviseurs, tableau de bord). De plus, le nombre d’incidents de freinage brutal est plus élevé lorsque l’exigence de la tâche est très importante (Harbluk et al., 2007).

Notes
49.

The Insurance Institute for Highway Safety