Complexité de l’évaluation de la charge de travail

L’évaluation de la charge de travail fait partie des critères ou des indicateurs qui expriment les effets du fonctionnement sur le travailleur lui-même c’est à dire l’astreinte imposée à l’organisme. Cette astreinte est l’ensemble des conséquences de la contrainte sur l’opérateur (Sperandio, 1988). Elle dépend directement de l’activité mise en jeu pour répondre à la contrainte, en fonction des circonstances et des caractéristiques individuelles, et peut être d’ordre physiologique et/ou psychologique.

D’une manière générale, la charge de travail ne peut être déduite directement des exigences ou contraintes objectives du travail, des individus différents étant susceptibles de répondre différemment aux mêmes contraintes (Sperandio, op. cité). Ainsi, le sentiment de charge, qui joue vraisemblablement un rôle important dans le processus de régulation de l’activité (Hart et Staveland, 1988), ne doit pas être négligé, d’où l’intérêt des indicateurs subjectifs issus du sentiment de charge (questionnaires, entretiens, échelles d’auto estimation de la charge de travail...).

Toutefois, plusieurs inconvénients inhérents à l’évaluation subjective de la charge de travail ont été relevés : ce serait essentiellement la charge imposée à la mémoire immédiate ainsi que l’effort conscient fourni par le sujet qui se reflèteraient dans les estimations ; de plus, les mesures subjectives ne seraient sensibles que pour des niveaux de charge relativement bas et seraient affectées par la durée de la tâche ; enfin, les évaluations subjectives ne fournissent qu’une mesure globale pour l’ensemble de la tâche, elles ne permettent donc pas de discriminer des variations fines ou continues liées à des événements spécifiques.

Les autres indicateurs pertinents de charge de travail (Sperandio, 1980, 1988) sont issus des modalités de régulation de l’activité (méthodes de travail), de l’interaction organisme-environnement (performance…) et du fonctionnement de l’organisme (mesure de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, dosages hormonaux dans différents fluides biologiques…). A ces facteurs il convient d’ajouter l’analyse des variations du comportement opératoire (variations des stratégies opératoires en fonction de l’augmentation des contraintes de travail). Dans le cas de la conduite d’un véhicule, ces variations pourraient être relevées par l’analyse des erreurs de conduite ainsi que par le relevé des données comportementales du conducteur – médiatisées par ses actions sur les commandes du véhicule (actions sur les pédales de frein et d’accélération, sur le volant, sur les avertisseurs sonores et lumineux…).