La conduite rationnelle d’un véhicule industriel

Conduite rationnelle, conduite économique, éco-conduite ? Ces trois intitulés semblent recouvrir la même notion, néanmoins, pour un véhicule lourd, le terme de conduite rationnelle est plus approprié. En effet, bien que les coûts de carburant soient en passe de devenir le premier poste de dépenses pour les entreprises de transport, la productivité d'un camion ne se mesure pas seulement en termes de consommation de carburant mais aussi en termes d'usure des composants, de coûts de maintenance et surtout, variable clé du système, en terme de délais de livraison. Ainsi, un système qui optimiserait la consommation du véhicule en impliquant une perte de temps sensible ne semble pas compatible avec la politique actuelle d'exploitation des entreprises de TRM.

La conduite rationnelle peut donc être définie comme un compromis entre la vitesse moyenne et la consommation75. Telle qu'elle est préconisée actuellement dans les centres de formation, elle optimise ce rapport en ménageant les composants de la chaîne cinématique, avec, pour résultat, une augmentation de la sécurité, de l'économie, et du confort de conduite.

Reste un problème néanmoins, les bénéfices des formations ne semblent pas durer dans le temps76. D’après les propos recueillis auprès de plusieurs formateurs à la conduite rationnelle77, les conducteurs reprennent assez vite leurs automatismes de conduite, qu'ils soient bons ou mauvais78, bien qu’ayant une connaissance explicite correcte des principes d’application de la conduite rationnelle. C’est l’une des raisons pour lesquelles le constructeur a envisagé la conception d’une assistance « intelligente » à la conduite rationnelle. Cette assistance pourrait jouer le rôle d’un copilote embarqué comme le font les formateurs lors des sessions de formation ou encore les formateurs d’entreprises de transport qui accompagnent les conducteurs pendant une journée pour les aider à corriger leur comportements « consommateurs ».

Notes
75.

Par exemple, une consommation optimale demanderait une vitesse moyenne de 80 km/h, alors que la vitesse moyenne optimale sera de 90 km/h si on ajoute à la consommation les coûts salariaux et les délais de livraison.

76.

Dans de nombreuses professions, les « bonnes pratiques » ainsi enseignées sont rarement appliquées plus de 6 mois, puis chacun retombe dans l’ornière...

77.

Centre de formation de Renault Trucks, AFT IFTIM, Norbert Dentressangle…

78.

« Naturam expelles furca, tamen usque recurret » (Horace, 65-8 avant JC)