Auto-évaluation de la charge de travail engendrée par l’activité de conduite d’un camion

L’un des objectifs de cette première phase du projet CEA était l’élaboration et la validation d’un test pour l’auto-évaluation, par les conducteurs, de la charge de travail engendrée par la conduite d’un camion en situation naturelle. L’outil que nous avons proposé est la version française du NASA TLX développé par Hart et Staveland (1988). Nous l’avons adapté aux situations de conduite de véhicules et pré-testé auprès de conducteurs professionnels lors de roulages effectués dans le cadre des stages de formation à la conduite rationnelle.

Le test se présente sous la forme d’un questionnaire papier/crayon que le conducteur doit compléter à la fin de chaque partie du parcours. La méthode fournit une information à la fois qualitative et quantitative de la charge de travail engendrée par la conduite sur un parcours donné. Elle permet, d’une part, l’identification des sources spécifiques de charge, et, d’autre part, la prise en compte de l’importance de ces sources dans le calcul d’un taux global de charge (Figure 25).

Le test repose sur l’évaluation de six sources potentielles de charge : trois de ces sources représentent les exigences imposées au conducteur par la tâche de conduite (l’exigence mentale, l’exigence physique et la pression temporelle) ; les trois autres rendent compte des interactions du conducteur avec la conduite (l'effort, le stress et la performance) (Annexe 3). Les sujets doivent tout d’abord évaluer, quantitativement, à l’aide d’échelles bipolaires, l’importance de chaque source en fonction de leur ressenti durant le parcours (Annexe 10). Ces facteurs sont ensuite pondérés suivant une procédure de comparaison par paires (Annexe 11). Cette pondération permet l’évaluation à la fois qualitative, et quantitative, de la charge de travail en minimisant les sources subjectives de variabilité.

Figure 25 : Représentation schématique de l’auto-évaluation de la charge de travail (d’après Maincent et Martin, 2004)

Nous souhaitions tester la sensibilité de l’outil pour des situations de faible charge telles que celles observées lors de la conduite de camions en environnement non perturbé, d'en vérifier la compréhension auprès de conducteurs routiers professionnels, et enfin d'en établir la validité pour l'utiliser par la suite dans une démarche d’analyse ergonomique en situation naturelle. De plus, si l’outil se révélait pertinent, nous espérions tester l’hypothèse selon laquelle les comportements liés à la conduite rationnelle sont influencés par la « quantité » de charge de travail ressentie par le conducteur.