Le projet CEA, conclusions et recommandations

Etant donné le contexte économique actuel, la consommation des camions est devenue un problème majeur pour les entreprises de transport routier de marchandises.

En concevant une assistance à la conduite rationnelle, le constructeur peut espérer réduire d’environ 7% la consommation des véhicules industriels, quel que soit le conducteur et son style de conduite.

A défaut d’une assistance adaptative qui identifierait le style de conduite du conducteur, un système d’assistance s’appuyant sur les données d’une cartographie adaptée, associée à une information correcte des événements routiers, représenterait un compromis acceptable. Il pourrait aider efficacement les conducteurs ayant un comportement habituel moyennement ou très consommateur, à anticiper les événements et l’infrastructure routière nécessitant un arrêt complet (péages, stops, etc.) ou un ralentissement important (ronds-points, feux tricolores, etc.).

Ainsi, l’installation sur les véhicules industriels d’un tel système, qui puisse gérer efficacement la consommation de carburant et ce, quel que soit le conducteur, semble être une solution incontournable pour l’avenir en accord avec les principes du développement durable. De plus, les conducteurs ne semblent pas opposés à l’utilisation d’un tel système, pas plus qu’ils ne considèrent la conduite économique comme une contrainte diminuant le plaisir de conduire. Le fait qu’ils pensent que tout conducteur peut diminuer sa consommation de carburant devrait les inciter à suivre les conseils d’un système d’assistance à la conduite rationnelle.

Néanmoins, pour être accepté et utilisé correctement par les conducteurs, le système développé devra bénéficier d’une interface homme-machine cohérente, ne mobilisant pas ou peu les ressources attentionnelles du conducteur. Les consignes devront être simples et intuitives, en évitant les traitements cognitifs complexes au profit de traitements perceptifs simples. Les concepteurs doivent conserver à l’esprit qu’une assistance à la conduite rationnelle doit rester secondaire par rapport aux objectifs de sécurité attachés à la conduite de tout véhicule et a fortiori aux véhicules les plus lourds.

L’utilisation d’une pédale à retour d’effort, complétée ou non par des informations visuelles, devrait se révéler intéressante pour aider le conducteur en termes d’anticipation, « facteur clé » de la conduite rationnelle. De plus, l’étude empirique sur simulateur a montré que ce type d’interface peut être avantageusement utilisé pour anticiper des événements critiques d’apparition aléatoire (ralentissements, bouchons) ou des situations incertaines (prédiction de renversement). La pédale est un système « sensitif » qui passe par un canal sensoriel plus direct que les affichages visuels demandant un traitement cognitif plus long. C’est sans doute pour cette raison qu’elle peut être efficace dans les situations imprévues et critiques qui nécessitent une réponse motrice rapide relevant d’automatismes acquis de longue date.

Ainsi, une utilisation judicieuse d’un système d’assistance à la conduite, complété par une interface « sensitive » telle qu’une pédale d’accélération à retour d’effort, pourrait permettre, non seulement de réduire la consommation de carburant, mais aussi d’avoir un impact positif en termes de sécurité par l’anticipation de situations potentiellement dangereuses ou délicates. Plutôt que développer différents systèmes d’assistance indépendants les uns des autres, il semble plus rationnel, quand c’est possible, de conjuguer différentes fonctions dans un seul support. On pourrait imaginer, par exemple, coupler un système d’assistance à la conduite rationnelle avec un système de prédiction du renversement…

Enfin, cette action de développement ne doit pas ignorer le bénéfice des formations à la conduite rationnelle. Même si celles-ci semblent avoir des effets limités dans le temps, il n’en reste pas moins qu’elles permettent aux conducteurs de diminuer sensiblement leur consommation quand ils font l’effort d’en appliquer les principes. De plus, ceux-ci en reconnaissent l’intérêt, on peut donc supposer qu’un système qui conseillerait efficacement les conducteurs pourrait être considéré comme un bon complément relayant la formation, voire comme un support pour une formation continue.