Le questionnaire à partir de situations dynamiques

La mise au point de l’outil développé pour l’étude, s’est appuyée sur une série de dix-sept entretiens auprès de divers usagers vulnérables (piétons, cyclistes et cyclomotoristes) ainsi qu’auprès de conducteurs routiers effectuant des trajets urbains. La principale difficulté a été, d’une part de contextualiser le questionnement, et, d’autre part, de rendre compte de la dynamique des situations abordées. De plus, la méthode devait être comprise et utilisable individuellement, sans l’accompagnement des chercheurs, par un large échantillon de sujets, notamment en termes d’âge (de 12 à 77 ans) et de sexe.

Les résultats de cette pré-enquête ont montré que des supports projectifs étaient nécessaires pour faciliter les verbalisations, et les contextualiser. Cependant, l’utilisation de photographies s’est avérée peu pertinente dans la mesure où la dimension dynamique de la situation n’était pas représentée. A l’issue de cette pré-enquête, il a donc été décidé d’utiliser de courtes séquences vidéo, plus appropriées à la problématique de l’étude basées sur les représentations en environnement dynamique complexe.

La méthode principale pour l’étude des représentations du danger et du risque associées à des situations contextualisées dynamiques est finalement composée d’un « Kit DVD » qui comprend un DVD lisible sur ordinateur (PC ou MAC) ou sur lecteur DVD de salon accompagné d’un questionnaire papier-crayon110.

Le DVD111 comporte quinze séquences vidéo filmées en milieu urbain (centre ville de Lyon - France) dont douze mettent en scène des piétons confrontés à des camions, dans des situations observées quotidiennement. Les scènes ont été sélectionnées à partir des données d’accidentologie issues de divers registres régionaux et nationaux112, d’études effectuées par l’INRETS (Brénac, Nachtergaële et Reigner, 2003) et de verbalisations de conducteurs de camions obtenues à l’occasion d’analyses d’activité. Elles sont axées sur les traversées de section rectiligne, la circulation de piétons sur la chaussée et les manœuvres basse vitesse de camions en secteur piétonnier. Cinq scènes se déroulent en secteur piétonnier et les sept autres en secteur ouvert à la circulation.

Le questionnaire, anonyme, comprend deux parties pour chaque séquence () :

  • Une première partie identique pour toutes les séquences qui permet au sujet d’évaluer globalement la situation en terme de dangerosité, de familiarité et de localisation (secteur piétonnier ou non). Pour les scènes de traversée de voie et de circulation sur la chaussée, il est, de plus, demandé au sujet s’il lui arrive d’adopter un comportement identique.
  • La deuxième partie est spécifique à chaque séquence et l’évaluation des sujets porte sur la notion de prise de risque par le ou les piétons et sur la notion de danger du comportement du ou des camions envers les piétons.

Compte tenu du caractère exploratoire de l’étude et des objectifs généraux du projet, les séquences mettent en scène divers types d’usagers vulnérables (piétons, cyclistes et utilisateurs de 2 roues motorisées). La majorité des sujets ne pouvant se reconnaître dans toutes les situations, nous avons choisi de les placer en position de spectateurs et non d’acteurs. Il ne leur était pas demandé de se projeter dans la scène, mais d’évaluer la dangerosité de la situation, la notion de prise de risque par les différents usagers en scène et l’évaluation du comportement du camion en termes de danger. De cette façon nous espérions contourner le biais de désirabilité sociale, avoir un accès plus spontané aux représentations des comportements sécuritaires et de la notion de prise de risque dans les déplacements en milieu urbain, sans pour autant que les sujets se sentent jugés ou évalués.

Afin de limiter les effets d’apprentissage, d’ordre et de rang, les deux premières scènes sont identiques pour tous les sujets et n’ont pas été prises en compte dans le traitement des données. Elles ont été choisies en fonction de la « neutralité » de la situation. Toutes les autres scènes sont présentées dans un ordre semi-aléatoire, différent pour chaque sujet, et obéissant à une contrainte : deux scènes qui présentent le même type de situation ne devaient pas être consécutives.