Danger et prise de risque : une question de représentations ?

L’analyse des résultats issus des questionnaires à partir de situations routières dynamiques montre que les représentations qu’ont les sujets du danger et de la prise de risque des acteurs est largement dépendante du contexte de la situation. Ainsi, en ce qui concerne les interactions camions/piétons en milieu urbain, les dimensions principales qui entrent en jeu dans la représentation du danger d’une situation semblent être en grande partie liées à l’infrastructure dans laquelle elle se déroule.

D’une part, la transgression des règles du code de la route liée à l’infrastructure et, notamment, les traversées hors passage pour piétons qui sont la cause de la majorité des accidents concernant les piétons en ville, est reconnue comme constituant un réel danger, et à l’origine d’une prise de risque par l’usager. Ces résultats vont dans le sens d’auteurs tels que Thiffault (2005) ou Shtarkshal (1988) selon lesquels la compréhension du danger et la conscience du risque inhérent à une situation sont des facteurs déterminants dans la modification du comportement et dans l’évaluation de la prise de risque.

D’autre part et très logiquement, le secteur piétonnier représente un environnement protégé pour les piétons qui s’y considèrent comme prioritaires à tous moments et semblent n’avoir pas conscience de l’existence d’un risque potentiel. Cependant, bien qu’en principe réservés aux piétons et par extension aux usagers vulnérables (hors motocyclistes), à certains moments, ces secteurs doivent être partagés avec les camions qui effectuent des livraisons. Ainsi, la sécurité des usagers vulnérables en secteur piétonnier repose uniquement sur le comportement des conducteurs qui devront redoubler d’attention vis-à-vis des usagers circulant autour de leur véhicule.

Enfin, le fait que plus de la moitié des sujets expriment adopter un comportement potentiellement risqué dans certaines situations, bien qu’ils aient une représentation correcte du danger et de la prise de risque, montre que l’adoption d’un comportement à risque ne dépend pas uniquement des représentations sociales et cognitives qu’a le piéton d’une situation. Il est ainsi légitime de supposer que l’individu ajustera son comportement selon un rapport risque préférentiel/risque perçu en s’appuyant aussi sur des variables psychologiques individuelles liées au contexte telles que la notion d’intention, de but ou de satisfaction (Martin, 2005) et d’estime de soi (Wilde, 1988).