Discussion

Cette action de recherche effectuée dans le cadre du projet VIVRE2 (ANR/PREDIT et LUTB 2015) avait pour objectif l’étude des représentations des usagers vulnérables face au danger et à la prise de risque dans les situations d’interaction usagers vulnérables/camions en milieu urbain. La méthode utilisée est composée d’un questionnaire d’évocations pour l’étude de la structure de la représentation qu’ont les usagers vulnérables des camions en ville, associée à un questionnaire à partir de séquences vidéo permettant la présentation de situations dynamiques contextualisées. Compte tenu de la complexité du fonctionnement humain et du statut de « multi usager » que présentaient la grande majorité des individus de nos échantillons, il n’a pas été possible de traiter les données par typologie d’usager. Nous avons donc orienté notre étude en partant de l’hypothèse que tout usager vulnérable est, a minima, un piéton. Ainsi, les séquences vidéo qui ont servi de support au questionnaire « contextualisé » reposent en grande partie sur des situations mettant en scène des piétons, et les résultats mettent essentiellement en évidence les représentations qu’ont les piétons des camions en milieu urbain :

De plus, l’importante variabilité interindividuelle observée, montre la complexité que représente l’étude des interactions entre les différents usagers de la route en milieu urbain. Cette complexité s’exprime sur plusieurs niveaux : non seulement au niveau de l’environnement routier, dynamique par nature, mais aussi et surtout au niveau des comportements humains qui sont orientés par de multiples variables internes et/ou externes à l’individu.

En conclusion, la connaissance et la compréhension des comportements à risque des piétons dans leurs interactions avec des camions en milieu urbain se révèle une tâche complexe qui nécessite bien plus qu’une étude exploratoire. Néanmoins, les résultats obtenus nous ont permis de proposer des actions pour améliorer la sécurité des interactions piétons/camions en milieu urbain. Ces actions s’orientent selon deux grands axes :

  1. . Bien que les usagers vulnérables identifient les situations objectivement dangereuses, ils reconnaissent adopter des comportements contraires à leur sécurité. De plus, la représentation qu’ils ont des camions en ville, même si elle est négative, n’est pas orientée sur le danger en termes de sécurité routière : selon les usagers vulnérables, le camion ne représente pas un risque prédominant d’accidents corporels. Ces constats nous incitent à préconiser des actions en faveur de l’adaptation du piéton à son environnement, notamment dans leurs interactions avec les camions en milieu urbain. Cette adaptation nécessite des interventions en termes de formations ou d’informations en direction des usagers vulnérables. Outre les formations initiales faites en milieu scolaire, l’une des solutions pourrait être la diffusion médiatique de campagnes de sensibilisation au danger que constitue l’adoption de comportements à risque tels que ceux présentés dans l’expérimentation. Ces campagnes pourraient notamment insister sur les difficultés que peuvent rencontrer les conducteurs de camions pour la détection des usagers autour du véhicule, ou encore sur le fait que les camions n’ont pas les capacités de freinage des voitures, d’où un risque plus important de traverser inopinément devant eux.
  2. . Certains secteurs urbains, notamment les secteurs piétonniers, représentent des lieux privilégiés pour les usagers vulnérables. Or, bien qu’en principe réservés aux piétons et par extension aux usagers vulnérables (hors motocyclistes), à certains moments, ces secteurs doivent être partagés avec les camions qui effectuent des livraisons. Ainsi, si dans ces secteurs l’usager vulnérable se considère comme prioritaire et protégé, il aura tendance à considérer que ce sont les conducteurs de camion qui doivent faire attention. Ceux-ci devront donc redoubler d’attention vis-à-vis des usagers vulnérables et le développement de systèmes d’assistance pour la détection des usagers autour du véhicule lors de manœuvres basse vitesse se révèle d’un intérêt indéniable.