La conduite d’un V.I. en milieu urbain

L’activité du conducteur routier est soumise à des règles tant explicites (réglementation routière, code du travail, etc.) qu’implicites, auxquelles s’ajoutent de fortes contraintes spatio-temporelles propres à l’activité spécifique de la distribution. En effet, la dimension temporelle occupant une place importante dans la tâche de conduite, les conducteurs mettent en place des stratégies opératoires dont le but est de répondre à l’objectif principal de leur activité : le respect des délais de livraison.

De ce fait, l’activité de conduite d’un VI se révèle complexe, bien que reposant sur un certain nombre d’habiletés cognitives dont le niveau d’automatisation dépend en grande partie de l’expertise du conducteur (Perruchet, 1988). Comme pour la conduite automobile, les tâches qui composent cette activité nécessitent des ressources attentionnelles disponibles. A cela, il convient d’ajouter les tâches additionnelles propres à l’activité de livraison du conducteur routier, et, notamment la consultation des adresses des clients, la recherche d’itinéraires et la vérification des bordereaux de livraison. Enfin, selon le fonctionnement de l’entreprise, les conducteurs sont susceptibles d’utiliser leur téléphone portable en réception ou en appel pour des besoins professionnels. Ces activités additionnelles devraient idéalement être effectuées en dehors de la conduite du véhicule, cependant, dans les faits, les conducteurs effectuent souvent ces tâches en conduisant.

L’activité de conduite en milieu urbain est, en outre, compliquée, tant par le comportement parfois inconscient des autres usagers de la route (piétons qui traversent n’importe comment devant le camion en mouvement, cyclistes et cyclomotoristes qui se faufilent le long du véhicule…), que par des difficultés perceptives comme l’existence de zones non visibles autour du camion qui rendent difficile une exploration visuelle de l’environnement proche. Ces difficultés peuvent engendrer un traitement de l’information parcellaire et morcelé qui peut, insuffisant dans certains cas.

Les nombreuses dimensions de l’activité du conducteur donnent lieu à la multiplication de systèmes embarqués ou d’assistances spécifiques, tant dédiés à la conduite du camion (aides aux manœuvres, assistances à la conduite rationnelle, etc.), qu’à l’activité spécifique du conducteur (outils de gestion de flotte, gestion d’itinéraires, etc.). De plus, l'essor rapide des nouvelles technologies fait apparaître de nouveaux problèmes, notamment d’ordres psychologique et cognitif, qu’il convient de considérer dès la conception.

Paradoxalement, l'ajout de systèmes qualifiés « d’assistance » dans les véhicules augmente souvent la charge de travail des conducteurs et la multiplication des retours informatifs peut avoir un impact négatif sur l’attention et par conséquent sur la sécurité.