Le projet VIVRE2, conclusion et devenir

Organisé autour d’une coopération sciences humaines et sciences de l’ingénieur, le projet VIVRE2 a abouti, après trois années de recherches, à la proposition de solutions matérielles, envisageables à court terme, qui permettent d’assister efficacement le conducteur de camion pour éviter les accidents avec des usagers vulnérables en ville lors de manœuvres et déplacements à basse vitesse.

D’un point de vue scientifique, nos travaux ont enrichi les connaissances :

Les résultats ont mis en évidence la complexité des études portant sur la compréhension des comportements à risque des usagers vulnérables. Cette dimension spécifique du comportement humain mériterait plus qu’une étude exploratoire telle que celle du projet VIVRE2, et pourrait être prolongée et précisée dans le cadre d’un futur projet.

Les conclusions de l’étude liée à l’analyse des comportements, attitudes et représentations des usagers vulnérables ont abouti à la proposition d’actions informatives à destination de ces usagers. Nos recommandations allaient dans le sens d’une information sur les difficultés que peuvent rencontrer les conducteurs de camion pour détecter les usagers autour de leur véhicule.

Pour illustrer notre propos, il nous semble intéressant de présenter une initiative de la ville de Paris qui répond à ces recommandations. Les Vélib, mis à disposition en libre service dans Paris, comportent, depuis 2009, un autocollant sur le guidon pour informer les utilisateurs des zones de « non visibilité » des poids lourds (1) ainsi que du danger de dépasser un camion par la droite (2) (Image 47).

Image 47 : Autocollant figurant sur le guidon des Vélib de la ville de Paris

Cet affichage est complété par un dépliant disponible sur le site de Vélib « Deux roues, attention aux angles morts des camions »127.

Les analyses de l’activité des chauffeurs livreurs ont montré que, si la conduite du véhicule reste centrale quant aux objectifs premiers du transport de marchandises – transporter la marchandise d’un point à un autre, elle n’est qu’une des multiples composantes de leur métier. De fait, les temps de conduite ne composent que 31% du temps consacré à la tournée quotidienne, les autres temps étant employés aux opérations de déchargement et/ou chargement, de livraison, voire d’organisation de la tournée et de recherche d’itinéraire. Ainsi, si l’activité de conduite d’un camion en environnement extra-urbain semble impliquer majoritairement les niveaux opérationnels et tactiques de notre modèle, la complexité de l’environnement urbain, mobilise les trois niveaux de traitement de l’information (opérationnel, tactique et stratégique).

D’un point de vue méthodologique, nos interventions ont permis la définition et l’enrichissement d’une base urbaine pour le simulateur de conduite ainsi que la mise au point d’interactions complexes entre les éléments mobiles du simulateur (piétons et cyclistes) et le véhicule virtuel. Cette base de données a servi de support pour mettre en scène les situations critiques préalablement identifiées dans des scenarii de simulation.

Ces améliorations apportées au simulateur devraient faciliter les observations et expérimentations visant à approfondir les connaissances sur les comportements des conducteurs de camion en situation d’interaction « critique » avec d’autres usagers et ce, dans des conditions parfaites de sécurité. De même, elles permettront de tester et valider certaines solutions techniques dédiées à la sécurité grâce à la réplication de situations critiques impossibles à mettre en œuvre en situation réelle.

Enfin, les travaux ont abouti à la proposition d’un système d’assistance efficace, le système VIVRE2, conçu pour diminuer les accidents entre usagers vulnérables et véhicules industriels en milieu urbain qui s’appuie sur des stratégies dynamiques d’assistance en fonction des comportements du conducteur et de ceux des usagers vulnérables.

Deux types de composants structurent le système VIVRE2 :

Evalué en milieu virtuel par un panel de conducteurs de camion, le système VIVRE2 a montré son efficacité sur simulateur : 89% des accidents ont été évités sur l’ensemble des expérimentations. De plus, les résultats de l’évaluation ergonomique nous permettent de conclure que le système VIVRE2 devrait être bien accepté par les conducteurs de véhicules industriels et son fonctionnement ne devrait pas entraîner une surcharge visuelle ou cognitive.

En conclusion, le système VIVRE2 tel qu’il a été conçu et testé dans le cadre de ce projet présente un intérêt certain pour la diminution des accidents entre usagers vulnérables et véhicules industriels en milieu urbain. Néanmoins, son développement suppose de passer encore par plusieurs phases itératives d’évaluations fonctionnelles et ergonomiques, notamment en situations réelles de conduite et d’activité.

Notes