Chapitre 3
3. Dynamique de l’identité féminine.

Après avoir amené progressivement les processus d’identification de genre en cours dans la socialisation entendue « contemporaine », nous pouvons désormais nous concentrer sur la question qui supporte la problématisation de nos travaux, à savoir la construction des représentations de l’identité féminine. Nous l’avons vu, les processus d’identification dans les interactions sont sous-tendus par un imaginaire social performant au moment de l’action, ainsi que par un ensemble de représentations stéréotypées. Une telle identification est donc permise en partie par une réception visuelle d’un message parlé par le corps et ses postures, par les vêtements et les faits de costumes. Systèmes de signes opérant ensemble dans les processus d’identification, le corps et le vêtement ont connu leurs propres évolutions dans leurs représentations, au fil des événements socioculturels qui ont alimenté l’imaginaire social. Mais, si le statut de la femme et ses représentations ont connu des évolutions dans la société au cours des derniers siècles et encore des dernières décennies, il n’en demeure pas moins qu’un ensemble de stéréotypes persistent dans l’imaginaire social. Et pour cause, l’imaginaire social ne se modifie que par intégration de nouveaux schèmes de pensée, ainsi, les évolutions même factuelles et même brutales du statut de la femme, n’induisent pas simultanément une intégration parfaite de nouvelles représentations dans l’imaginaire social. Ainsi la mutation de la représentation de l’image de la femme ne se produit pas simultanément aux changements de pratiques. Pour autant, l’identité féminine n’en demeure pas moins mobile, comme toute représentation construite socialement et culturellement. Nous allons ici traiter du caractère dynamique de l’identité féminine, en ce qu’elle est instaurée dans un cadre social et culturel déterminé et déterminant, en présentant dans un premier temps les stéréotypes, les préconstruits entrant en jeu dans la construction des représentations sociales et dans les interactions, puis nous aborderons le cas particulier des représentations de la féminité dans les images de mode, considérant ce relais d’informations et ce support de connaissances comme élément constitutif de l’imaginaire social.