Tout ensemble de données réunies n’est pas un corpus. C’est dans cette mesure que le corpus pour être valable doit vérifier trois conditions essentielles que nous allons détailler ici et appliquer à notre propre ensemble de données.
Pertinence et cohérence vont être les deux objectifs visés ici par notre corpus. Bardin274 le souligne, « Les documents retenus doivent être adéquats comme source d’information pour correspondre à l’objectif qui suscite l’analyse ». Dans notre cas, même si les données se construisent et ne s’imposent pas, nous sommes face à la pertinence de choisir les séries mode pour notre corpus, celles-ci étant les seules images photographiques de mode, en dehors de la publicité, permettant la mise en scène des vêtements simultanément à celle d’une femme dans un contexte social déterminé. Ainsi donc, nous pouvons éliminer dans le cadre des objectifs d’étude que nous avons énoncés, toutes les images qui ne répondraient pas dans leur composition à ces critères. La présence des trois éléments cités plus haut étant nécessaire pour répondre à notre problématique, il nous paraît évident d’évacuer de notre corpus toute composition photographique qui ne les comporterait pas. En termes de cohérence cette fois, nous devons remarquer que notre corpus, si nous nous en tenons à nos premiers propos, reste pour l’instant constitué de l’ensemble des séries mode de la presse féminine, sans davantage de précisions quant à une temporalité ou quant à une sélection parmi les titres de presse envisagés. Un parti-pris méthodologique assumé délibérément est affiché : le contournement de la strate linguistique, même si elle peut ponctuellement jouer un rôle d’encadrement (relais, ancrage, redondance). En définitive, notre objectif est bien de mettre au jour un réseau de relations entre des vêtements, des corps et des univers, et de repérer ainsi la rémanence de configurations tout à fait ritualisées, susceptibles d’irriguer d’autres types d’énoncés (publicitaires, artistiques etc.). Notre problématique n’étant pas généralisable en dehors d’une temporalité, mais situant ses questionnements au sein de la société contemporaine, notre corpus devra répondre à cette temporalité en étant lui-même constitué de données contemporaines. Ainsi, nous choisissons pour cela, de façon arbitraire mais justifiable, les parutions de l’année 2008, date de commencement des travaux. Le choix d’une année antérieure n’étant pas justifié pour répondre à notre critère de contemporanéité, et le choix d’une année postérieure n’étant pas permise pour la durée des travaux que nous avons menés, les éditions de l’année 2008 pour la constitution de notre corpus répondent à la fois à des contraintes techniques (pouvoir rassembler une année entière de parutions qui soit encore stockée dans les rédactions) et à des contraintes de cohérence (pouvoir rassembler des éléments qui soient inscrits dans le champ médiatique de la société contemporaine sur laquelle nous basons nos études).
L. Bardin, L'analyse de contenu (Paris : Presses Universitaires de France - PUF, 1977)