Les analyses sont menées pour l’ensemble des séries mode de Cosmopolitan de l’année 2008 (parution mensuelle) soit pour 12 numéros ; pour une sélection étalée sur l’année 2008 de ELLE et Femme Actuelle (parution hebdomadaire) soit pour une douzaine également de numéros répartis sur l’ensemble des saisons de l’année.
Nous constatons tout d’abord une différence en termes de quantité d’images pour chacun de ces titres. Si Cosmopolitan nous propose un sous-corpus de 234 images de série mode, Femme Actuelle quant à lui nous propose pour le même nombre de numéros, 79 images et ELLE, 169 images. Nous pouvons produire une première explication à cette différence quantitative en nous appuyant sur la fréquence même des parutions. En effet, on suppose en produisant une moyenne mensuelle d’images de série mode, qu’à l’échelle d’un mois de parution, ELLE et Femme Actuelle en viennent à proposer une quantité inférieure d’images que Cosmopolitan. Il semble donc que Femme Actuelle soit des trois titres celui qui propose la plus faible quantité d’images de mode, cependant lorsque nous nous attachons à penser en termes de série mode ; nous voyons que ce titre n’en comporte pas moins que ELLE et qu’à sa différence, il n’en fait pas l’économie pour aucun des numéros du corpus. En effet, dans deux numéros de ELLE sélectionnés pour notre corpus, les séries mode sont absentes, sans pour autant signifier une absence de la mode. Dans ces cas, la mode est présentée mais sous d’autres formes visuelles, l’accent aura été mis sur les objets ou sur les articles, procédant soit à l’utilisation de photographies des objets, seuls, soit à une reprise d’images de défilés, qui ne rentrent pas dans la définition de la série mode telle que nous l’entendons.
D’une façon plus générale, nous observons la présence d’images sur double page pour chaque titre, quoique ce procédé soit plus fréquent dans Cosmopolitan et dans ELLE. La petite quantité d’images consacrées à la série mode dans Femme Actuelle est optimisée par une présentation de plusieurs images par page, tandis que les autres magazines semblent favoriser une extension de la série sur une quantité de pages supérieure. L’usage des couleurs quant à lui est de rigueur dans la présentation des vêtements, l’usage du noir et blanc fait figure d’exception, souvent pour ponctuer une série colorée. Nous notons que le noir et blanc n’est jamais utilisé dans Femme Actuelle.
Enfin, les cadrages des photographies, si nous reprenons les définitions de Soulages288, s’apparentent davantage au premier type, le cadre transparent. Les mises en scène proposées sont donc à « lire » pour le public féminin, placé au rang d’observateur de la scène, n’y participant qu’à l’usage d’un cadre fenêtre dans lequel les regards et le plan rapproché sur le visage permettent d’instaurer une forme de dialogue, non systématique dans les cadres transparents. Ce cadre fenêtre est d’ailleurs un cadrage plus familier de ELLE que des autres magazines, il apparaît en effet pour ponctuer chacune des séries mode de ELLE, à la différence de Femme Actuelle dans lequel ce cadrage est absent et de Cosmopolitan dans lequel ce cadrage reste anecdotique. Enfin, le cadre opaque, utilisé souvent dans le cadre d’une mise en scène de l’intimité, est utilisé à des fins esthétiques bien sûr, mais semble prédisposer le public féminin à partager l’intimité du sujet représenté, en ce qu’il est extrait du monde objectif, du décor alors flou.
J. Soulages, Les rhétoriques télévisuelles, le formatage du regard, op. cit.