Nous avons développé l’analyse du procédé de stéréotypage présent dans les séries mode et constituant pour partie les images de mode et les représentations du genre féminin mises en scène dans les magazines de la presse féminine. Nous avons établi pour cela une typologie dans laquelle figurent deux premières catégories établies sur les bases théoriques des études de genre, de l’interactionnisme et de la sociologie de la mode. Cette typologie s’est trouvée vérifiée par les analyses de notre corpus et nous avons pu démontrer à la fois le recours au stéréotypage mais également son caractère complémentaire à d’autres types de représentations. En effet, un ensemble différent des parades sociales alors identifiées émerge de notre corpus et vient se constituer lui-même en catégorie dont les images ont pour point commun de n’être situées ni dans un contexte social reconnaissable ni dans le cadre d’une mise en scène de l’intimité. Ce troisième type d’images se reconnaît donc dans un premier temps « en réaction » des deux premiers types identifiés. Nous supposons alors dans notre deuxième hypothèse de recherches que ces représentations, complémentaires des stéréotypes de genre, en nuancent la portée performative et s’apparentent vraisemblablement à une anticipation sociale quant aux représentations du genre féminin. Supposé symptomatique du recours à la figuration socialement normée des autres représentations, ce procédé d’évacuation du social dans les représentations des femmes nous semble manipuler les codes de la féminité et de la mascarade telle que Rivière303 la définit, dans un dessein non plus socio-culturellement imposé, mais dans un projet identificatoire propre au sujet féminin.
‘« C’est Joan Rivière dans son article « La féminité en tant que mascarade » reprenant l’expression même d’une de ses patientes, « le masque de la féminité », qui dessine la première le portrait clinique de la mascarade : une femme fait « l’homme » pour se faire ensuite reconnaître comme femme. »304 ’Si la mascarade précise que la féminité en tant que masque n’est qu’un artefact, un jeu supplémentaire des parades féminines, tendant à garder la face en tant que femme féminine pour maintenir celles des hommes virils, nous allons tenter de voir dans quelle mesure la mascarade, au-delà d’être une performance du féminin peut revêtir la qualité de stratégie.
J. Rivière, La féminité en tant que mascarade, op. cit.
M. Scheil, Une version du féminin: la mascarade. L'Impair (Groupe régional de psychanalyse), Le sexe incertain, n°. 2