Chapitre 6 
6. La féminité comme performance, la mascarade.

Nous avons remarqué l’existence de différents types de représentations de la féminité dans les images de mode. Images au service de la mode mais dont le sujet n’en est pas moins la femme et les représentations du genre féminin, ces compositions participent donc de la stratégie énonciative des médias considérés, en ce qu’elles proposent la construction de mondes possibles dans lesquels le public peut reconnaître l’agencement de représentations sociales existantes et ainsi se situer dans un dialogue où un langage commun est partagé entre deux instances. Or, nous savons également que la photographie de mode et l’image, de façon plus générale, sont à analyser dans leur structure mais également dans leur interprétation. Après avoir mis au jour les différentes structures de la typologie des représentations du genre féminin, nous avons procédé à une première analyse de ces indices pour démontrer le caractère stéréotypé des deux premiers types isolés. L’analyse nous porte ensuite à considérer les images restantes du corpus qui ne se conforment pas aux critères que nous avons établis pour caractériser les deux premiers types. Ayant remarqué que la variable la plus significative est celle du contexte photographique et de ses indicateurs quant au contexte social, nous nous penchons donc désormais sur cette dernière catégorie d’images de femmes, et tâchons de fournir une analyse interprétative de cette dernière représentation. Ayant pour point commun l’absence d’une mise en scène du social, ces images vont-elles pouvoir être catégorisées sous le même type ? Nous allons mener notre analyse en vue d’infirmer ou de confirmer la dernière partie de nos hypothèses : les séries mode ont recours à la fois au stéréotypage de genre pour optimiser la reconnaissance et à l’introduction de nouvelles représentations de la féminité, socialement anticipatrices, pour permettre de nouvelles formes de connaissances au travers de la diffusion d’images. Nous tenterons donc de comprendre les mécanismes de la mascarade en tant que performance du féminin pour mieux en saisir la possibilité de réappropriation, en dehors du social, par un sujet féminin, devenu alors acteur stratégique autonome pour sa propre identification.