6.1.2 Représentations du genre féminin dans un environnement androcentré.

Si nous avons pu nuancer le caractère performatif des stéréotypes présents dans les images de mode, nous n’avons pas pour autant nier leur présence. En effet, il n’est pas question pour nous ici de réhabiliter les images de mode et la presse magazine féminine en tant que non stéréotypées, nous n’avons donc pas émis l’hypothèse risquée que le stéréotypage n’existe pas dans la presse magazine féminine. Et nous l’avons bien vu, parmi la pluralité de représentations de la féminité, les stéréotypes du genre féminin sont effectivement mobilisés dans la construction des séries mode. Tantôt dans un contexte social, tantôt dans un contexte intime, les représentations de la femme s’articulent autour de représentations socialement données et autour de représentations construites par la mode et propres à l’imaginaire de la mode. Tout en nuançant la performativité du stéréotype, nous sommes amenés à en admettre pleinement l’existence au sein des séries mode. Ce stéréotype n’est toutefois pas universel, et nous l’avons vu, chaque titre manipule les figurations stéréotypées de façon différente, en représentant, certes des attitudes genrées, mais relevant chacune d’une expression particulière du genre féminin. Maintenant, nous allons passer à une analyse interprétative plus approfondie pour mieux saisir, non pas les effets sur la cible du stéréotype, mais ses fonctions dans la production de telles images. Partant du constat simple du succès rencontré par la presse féminine et ses séries mode auprès d’un public féminin, nous sommes amenés à analyser et interpréter le stéréotypage en cours en considérant le succès d’une telle co-construction de messages entre les producteurs et les récepteurs. En d’autres termes, s’il y a recours au stéréotypage et donc à la représentation du genre féminin en cohérence avec les normes d’une société androcentrée, comment expliquer le succès sémiologique du message auprès d’un public de femmes, socialement inscrites dans une génération alimentée par des velléités de parité, d’égalité des sexes, de partage des tâches domestiques ?