1.2 Le phénomène de la séparation et du divorce

Dans les sociétés occidentales, l’accroissement du nombre de divorces à partir des années 1960 a été une source de préoccupations et a provoqué de nombreux débats sociaux et économiques. Si, autrefois, le divorce était condamné et stigmatisé dans les sociétés, aujourd’hui, le divorce et les séparations conjugales sont banalisés. Qui ne connait pas un membre de sa famille, un ami ou un voisin qui est déjà passé par cette expérience de rupture conjugale ?

En France, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le nombre de divorces a quadruplé de 1960 à 2006, passant de 30,2 mille à 135,9 mille. En d’autres termes, plus d’un mariage sur deux se termine par un divorce. D’après Déchaut (2007), ces chiffres ressemblent à ceux de la Suède et de la Belgique. Ce phénomène s’adresse aussi bien aux couples non mariés qu’aux couples mariés et aux couples avec enfants qu’aux couples sans enfants, bien que le plus grand taux de ruptures se retrouve parmi les couples non mariés et sans enfants.

Au Brésil, entre 1995 et 2006, le nombre de divorces a augmenté de 64,3%. Ces chiffres ne comprennent que les ruptures sanctionnées par le Tribunal. Le pays est définitivement entré dans « l’ère du divorce ». Conformément à l’IBGE (2008), trente ans après la légalisation du divorce dans le pays, 2007 a été l’année où l’on a connu le plus grand nombre de divorce depuis 1984. Dans cette période, le taux de divorces est passé de 0,46 en 1984 à 1,49 en 2007. La figure 1 nous indique les fluctuations des taux de divorce pour les années 1984 à 2007. En 2007, alors que le nombre des mariages au Brésil s’est élevé à 916,006 (2,9% de plus qu’en 2006), le nombre de séparations légales et de divorces était de 231,329, c’est-à-dire qu’en 2007, au Brésil, un mariage sur quatre s’est terminé par une séparation, des chiffres comparables à ceux des pays développés. La séparation des couples vivant en union libre ne fait pas partie des statistiques officielles.

Parallèlement, le Brésil suit la tendance de l’Europe et des pays anglo-saxons où la demande de divorce et de séparation judiciaire est effectuée, dans sa majorité, par les femmes (IBGE,2008).

L’augmentation du nombre de divorces au Brésil peut être expliquée par plusieurs facteurs, entre autres la promulgation de règles législatives plus simples concernant les procédures de divorce. En effet, en 1989, la loi 7741/89 a changé les procédures du divorce pour en réduire les délais de son obtention. De telles simplifications en ont favorisé l’accès à un tel point qu’en 1989 il y a eu un accroissement significatif du nombre de divorces. Le taux de divorce s’est élevé de 0,44 en 1988 à 0,85, en 1989 (IBGE, 2008).

Figure 1: Taux de Divorce – Brésil 1984-2007
Figure 1: Taux de Divorce – Brésil 1984-2007

De plus, nous constatons une plus grande acceptation du divorce de la part de la famille brésilienne et une plus grande tendance à procéder à la légalisation de la séparation. Des précisions sur la législation brésilienne seront apportées au chapitre 2 concernant la justice et la médiation.

Quant à la nature des séparations judiciaires, l’IBGE nous indique qu’en 2007, 75,9 % des séparations étaient consensuelles et 24,1% litigieuses. Néanmoins, on a observé un déclin de 5,9 points dans les séparations consensuelles entre 1997 et 2007. D’autre part, en ce qui concerne les séparations litigieuses dans la même période, on a observé une croissance continue où elles sont passées de 16,411, en 1997 à 24,960 en 2007.

Cette situation indique qu’au-delà de l’augmentation du divorce, les litiges sont aussi en hausse. Il semble évident que l’État brésilien, à l’instar des pays développés, devrait promouvoir davantage un mode pacifique du règlement des litiges interpersonnels basé sur la communication et sur les besoins individuels et mettre en place des mécanismes de gestion des conflits qui contribuent à une réorganisation familiale en tenant compte du meilleur intérêt de l’enfant.

Aussi, les statistiques révèlent qu’en 2006, la majorité des divorces se retrouvent chez les couples qui ont des enfants âgés de moins de 18 ans (38,8%), suivis des couples sans enfants (31,1%). De plus, les mêmes statistiques indiquent que, dans 89% des divorces au Brésil, la garde des enfants est confiée à la mère (IBGE, 2006).

Même si le Brésil suit la tendance des autres pays pour faire face à l’augmentation des divorces, on n’y retrouve pas encore des politiques sociales en lien avec ce phénomène. Il y a quelques expériences isolées de pratique de médiation familiale, généralement issues du milieu juridique, mais on en est encore aux balbutiements quant à l’établissement de services publics de médiation.