1.7 L’homoparentalité

L’expression «homoparentalité » est un autre néologisme français, créé par « l’Association de parents gays et lesbiennes », qui désigne les structures familiales composées de parents qui postulent au droit à être des parents homosexuels (Anaut, 2005).

Dans les sociétés les plus développées, au-delà de la reconnaissance sociale du couple du même sexe, la reconnaissance de la parentalité devient un enjeu. Plusieurs pays, à l’instar du Danemark qui a innové en la matière en 1989,la Finlande, l’Islande, la Suède, la France, disposent de législations qui reconnaissent l’existence de couples de même sexe. De plus, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et le Canada ont autorisé le mariage des homosexuels. De plus, dans certains pays nordiques et les Pays-Bas, le droit à l’adoption de l’enfant du conjoint est autorisé quelle que soit son origine, soit une union antérieure, soit l’insémination ou soit l’adoption préalable par le partenaire. Le Danemark, après une période de dix ans de reconnaissance de la conjugalité (loi du 20 mai 1999), a autorisé les partenaires à adopter les enfants de leur conjoint. En France, le Pacte Civil de Solidarité (Pacs), institué en novembre 1999, est la réponse législative à la demande de la reconnaissance sociale des couples homosexuels. Cette loi donne certains droits aux personnes qui vivent en couple, sauf ceux de se marier et d’adopter des enfants.

En effet, on observe, dans les sociétés plus avancées, une reconnaissance graduelle des couples homosexuels ; elle commence par l’acceptation de la conjugalité et se poursuit par une acceptation de l’homoparentalité.

Cependant, les controverses sont nombreuses et complexes pour les pays qui n’autorisent pas le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants par les parents de même sexe. Des questions éthiques et morales sont posées et les législateurs les plus traditionnels se demandent si ces couples constituent vraiment une famille. Par exemple, on s’inquiète au sujet des effets de l’éducation par deux parents de même sexe et sur la possibilité juridique d’affiliation de ces deux parents (Segalen, 2006). Il faut noter que les psychanalystes différencient la socialisation et l’affiliation. Si la parentalité biologique n’existe pas chez les parents de même sexe, il y a par contre une parentalité éducative.

Dans cette perspective, Cadoret (2002) souligne quatre constitutions différentes de l’homoparentalité :1) celle issue d’une recomposition familiale après une union hétérosexuelle; 2) celle suite à une adoption; 3) celle suite à l’aide médicale à la procréation (AMP), par l’intermédiaire d’une insémination artificielle avec donneur ou mère porteuse ; 4) celle de la coparentalité où des gays et des lesbiennes vivant en couple ou seuls et étant d’accord pour avoir un enfant qui va grandir entre les deux unités familiales, la maternelle et la paternelle.

Il faut souligner que, dans aucune de ces constitutions familiales, les parents homosexuels sont juridiquement reconnus en France et au Brésil. Au Canada les parents homosexuels sont reconnus légalement mais n’ont pas tous les avantages sociaux des conjoints de fait ou des couples mariés au sens de la loi (Chamberland, Gagné et Paquin,2006).

Les couples homosexuels au Brésil sont en constante lutte pour obtenir une reconnaissance sociale. Il existe un Projet de Loi, nº 1151/95, qui institue l’union civile entre des personnes du même sexe, mais en raison de fortes pressions idéologiques et religieuses, il est toujours à l’état de projet.

Au Brésil, aucune législation reconnaît les couples du même sexe ; ils n’ont donc pas de reconnaissance officielle dans la société brésilienne. Toutefois, certaines jurisprudences ont déjà reconnu des droits aux unions homosexuelles, notamment au niveau contractuel. Ces couples font fréquemment appel au système judiciaire afin d’être reconnus et faire valoir leurs droits, surtout en ce qui concerne les questions de la sécurité sociale et les questions d’ordre patrimonial.

De plus, des arrêts isolés ont déjà reconnu le droit des couples homosexuels à adopter des enfants. Néanmoins, comme dans la loi française, l’adoption des enfants par les couples homosexuels est interdite, même si les personnes seules, célibataires peuvent adopter. Au Brésil, les familles homoparentales ont beaucoup à faire pour obtenir une reconnaissance légale.. Les recherches scientifiques de Miriam Gross,(2003) professeure d’Anthropologie de l’Université de Santa Catarina au Brésil, aussi bien que celles de la juriste Berenice Dias (2006) sont les études les plus reconnues dans ce domaine. Leurs études donnent une plus grande visibilité à la conjugalité des couples de même sexe et à l’homoparentalité à travers tout le pays.

Ces couples, qui présentent les mêmes conflits conjugaux que les couples hétérosexuels, sans pour autant être reconnus légalement, font déjà partie du quotidien des médiateurs familiaux vers qui ils se tournent pour les aider à régler leurs conflits. Ils ont souvent à régler des questions liés à l’accès du parent non-gardien, les contributions financières ou d’autres questions d’ordre juridique, psychologique ou social.

Du point de vue psychologique, peu de recherches scientifiques ont été réalisées sur ce sujet et les interprétations divergent dans leurs évaluations. Pour Anaut (2005), d’importantes questions se posent concernant le devenir des enfants et les conséquences de ce nouveau modèle familial sur leur développement et leur identité psychique. Pour sa part, la sociologue Théry (2007) dénonce le jargon « psy » dépourvu d’un savoir spécialisé et de fondements scientifiques.