La plupart des études scientifiques et empiriques concernant les effets de la médiation familiale se réfèrent aux recherches nord-américaines, notamment dans le domaine de la séparation et du divorce. D’ailleurs, ces écrits présentent des résultats généralement positifs. Plusieurs facteurs d’efficacité de la pratique sont examinés dans ces études et parmi eux, les plus souvent analysés sont: le degré de satisfaction des personnes envers le processus de médiation ; la communication dans le couple ; le taux de réussite d’un accord, les coûts de la médiation et la rapidité du processus par rapport au système judiciaire classique ; les relations parentales après la séparation et l’intensité du conflit entre les participants à la médiation.
Sans être exhaustif, mentionnons brièvement certains constats énoncés par les chercheurs au sujet des effets de la médiation. Ainsi, les études américaines et canadiennes de Kelly (1996); Benjamin et Irving (1995) ; Richardson (1987) et les recherches françaises de Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert (2006) onttoutes constaté la satisfaction des personnes qui ont pu bénéficier du processus de médiation par rapport à celles qui avaient fait appel au système judiciaire traditionnel.
Quant à l’apprentissage de la communication, les parents qui ont eu accès à la médiation présentent moins de conflits et plus de collaboration et de communication par rapport aux couples qui ont saisi la Cour de Justice (Kelly,1996). Les chercheurs français Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert (2006) ont évalué les effets des processus de médiation familiale sur les « médiés »4. Cette étude a examiné 500 dossiers de médiation et a également analysé 541 questionnaires remplis par les participants sur une période d’un à quatre ans après l’accord homologué par la médiation. Les résultats de cette recherche révèlent que le processus a un « effet communicationnel » sur les participants à la médiation et que 61,9% des répondants n’hésiteraient pas à faire appel de nouveau à la médiation pour résoudre leurs conflits. Les recherches de Noreau et Amor (2004) soulignent la tendance des couples impliqués en médiation à conclure des ententes de garde conjointe et également à maintenir une participation plus grande du parent non gardien dans la vie de ses enfants (Richardson, 1998 et Irving et Benjamin, 1987).
En ce qui concerne les accords en médiation, d’autres études ont confirmé que la pratique de la médiation permettait un taux de réussite et d’acceptabilité d’une entente plus élevé que dans le système de justice classique. La majorité des participants arrive à un accord (Kelly,1996, Benjamin et Irving, 1995 et Richardson,1987). Les recherches menées sur le respect des accords effectués en médiation attestent que la majorité des accords établis en médiation sont honorés par les participants. Le taux de révision de ces accords en justice est relativement faible, environ 20% (Irving et Benjamin, 2002 ; Kelly, 1996).
En effet, selon Avila (2006), dans une étude effectuée en 2004 auprès d’un service de médiation familiale au Brésil, sur les 227 accords réalisés en médiation et ensuite homologués par le juge, seulement 7% avaient demandé une révision judiciaire du protocole d’entente, un an après le processus. La plupart des demandes de révision concernaient la contribution financière pour les enfants. On attribue à ce résultat une plus grande communication dans le couple, une participation directe dans la gestion de leurs conflits et une meilleure coopération entre eux.
De même, Marchand (1999), se basant sur une recherche réalisée par le ministère de la Justice du Canada et de l’Association de médiation familiale du Québec, a constaté que 72% des séances de médiation se terminent par des ententes partielles ou totales. De plus, ces taux sont plus élevés lorsque les personnes vont à la médiation avant d’entreprendre une procédure judiciaire (79%) plutôt qu’après (67%).
Quant aux coûts et à la durée de la médiation, plusieurs chercheurs ont affirmé que la médiation s’avère être un mode de gestion des conflits interpersonnels moins cher et plus rapide que le système judiciaire traditionnel. (Kelly, 1996 ; Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert, 2006). Toutefois, ces critères concernant les coûts et la rapidité du processus appartiennent à une logique plutôt légale de la médiation (Bonafé-Schmitt, 1998). Plusieurs juristes privilégient les modes alternatifs de résolution de conflit en raison de cette efficacité. Il en va de même pour les accords conclus. La médiation est jugée à partir de résultats pratiques et concrets. Toutefois, il existe d’autres critères, de nature moins utilitaire et moins pragmatique pour évaluer les effets de la pratique de la médiation. Comme le soulignent Sarrazin et Lévesque (2001) : « la médiation se veut non seulement un investissement rentable du point de vue financier, mais aussi elle permet de diminuer la souffrance associée à la rupture conjugale » (pp.3). Dans cette perspective plutôt sociale et psychologique, l’importance de la relation co-parentale après la séparation constitue un bon indicateur de réussite ou d’échec de la médiation (Sarrazin et Lévesque, 2001).
Toutefois, cette corrélation entre la pratique de la médiation et les relations parentales après la séparation revêt une importance relative pour d’autres auteurs. Les études de Kelly (1996) ont révélé qu’il existe une plus grande coopération entre les couples à court terme qu’à long terme. En effet, les études de Beck et Sales, citées dans Turcotte et al.(2002), ont constaté que la médiation peut produire des résultats modestes dans le respect des accords concernant les droits de visite et la contribution financière à court terme mais qui ne durent pas à long terme.
La même étude de Kelly (1996) et confirmée pour Turcotte et al. (2002) a observé qu’il n’existe, de la part des enfants, aucune adaptation psychologique plus importante après la médiation. Ainsi, ces études tendent à souligner qu’à long terme les effets de la médiation finissent par s’estomper.
Enfin, l’intensité du conflit au sein du couple est un facteur qui a été analysé dans plusieurs études et qui ne fait pas l’unanimité chez les chercheurs. En effet, pour certains auteurs, le succès de la médiation est directement lié à l’intensité du conflit entre les parents ou à leur façon de le gérer alors que pour d’autres auteurs le niveau de conflit est un facteur négligeable dans la réussite d’une médiation, le succès reposant avant tout sur la formation, la compétence et l’expérience du médiateur.
Médiés : terminologie utilisée par les chercheurs pour désigner les participants à la médiation.