4.1 L’impartialité du médiateur

Pour plusieurs auteurs, le médiateur ne peut pas être complètement impartial puisqu’il a son propre système de valeur et sa vision personnelle du monde. De plus, il véhicule les valeurs communément acceptées dans la société.Sellenet, David et Thomère (2007) soulignent que « si le médiateur est impartial dans l’écoute des personnes, il n’est pas neutre dans la mesure où il croit en ce qu’il fait et au bien-fondé de la négociation comme principe de résolution des conflits » (pp.80). Pour sa part, Théry (2001) se réfère au mythe du tiers transparent, en soulignant qu’il n’y a pas de triade dans laquelle le tiers ne joue pas un rôle actif. Ainsi, la neutralité revendiquée par le médiateur doit être comprise comme une forme particulière de médiation dite « intervention minimale ».  D’ailleurs, la question de l’impartialité du médiateur est mise en cause par les médiateurs eux-mêmes. John Haynes (1981) a affirmé que le rôle du médiateur devait être celui de contrebalancer des rapports de forces qui existent entre le couple où l’intérêt des enfants doit prévaloir dans la négociation. Toutefois, certains auteurs signalent le besoin de définir cette impartialité pour mieux éclairer la pratique.

Faget (1997) affirme que la médiation vise une attitude plus horizontale et humaine entre les personnes, un monde plus démocratique avec moins de jugements et plus de compréhension. Donc, l’impartialité du médiateur va dans le sens de formes d’action où l’on ne juge pas, ne culpabilise pas et ne donne pas de prescriptions comme c’est l’habitude dans les règlements ordinaires de conflits. C’est l’impartialité présumée du médiateur. Pour sa part, Warat (1999) souligne le fait que le médiateur aide les parties à décider sans imposer sa volonté, c’est un professionnel qui n’a pas de pouvoir légal de décision, il n’est pas là pour persuader. Tout cela en fait un intermédiaire impartial, un conducteur neutre. Par ailleurs, Guillaume-Hofnung (2005) distingue entre l’impartialité et la neutralité indispensables à la pratique de la médiation. L’impartialité concerne la relation entre le médiateur et les personnes intéressées tandis que la neutralité se réfère à l’issue de la médiation, la place de tiers que le médiateur occupe. Sur ce sujet, Noreau et Amor (2004) contestent que la neutralité implique les problèmes relationnels entre le médiateur et les parties. Le médiateur ne peut pas prendre parti en faveur de l’un ou de l’autre. L’impartialité suppose l’absence de positions préconçues, que ce soit pour les valeurs du médiateur ou que ce soit pour les objectifs prétendus de la médiation. Toutefois, parmi tous les enjeux et les discussions à propos de l’impartialité et de la neutralité, le plus important demeure le refus du médiateur de se positionner en tant que juge. C’est le principe qui doit guider le médiateur, quels que soient sa profession et le lieu où il pratique.