3. Le processus de médiation

Quel est ce processus et quels sont les principes qui en régissent la pratique ? Voilà deux questions essentielles. La recherche a démontré qu’en France et au Brésil on s’entendait généralement sur la contribution de la théorie de la gestion de conflits interpersonnels ainsi que sur l’importance des apports psychologique, sociologique et juridique à la pratique de la médiation. De plus, la nécessité d’une formation interdisciplinaire et d’une compétence à diriger le processus sont les ingrédients essentiels à la réussite de la pratique de la médiation(annexe 9/V16;V18;V20).

De plus,touslesmédiateurs français et presque tous les médiateurs brésiliens soulignent l’importance pour les personnes d’accepter de s’engager volontairement dans une médiation. Aussi, on souligne les principes fondamentaux qui régissent le processus de médiation comme le respect de l’autonomie des personnes et leur capacité à prendre eux-mêmes leurs décisions ainsi que l’impartialité, la confidentialité et l’indépendance du médiateur (annexe 9/V23 et V24).

En France, certains médiateurs ont fait la distinction entre le cadre de la médiation et le processus de médiation. Le « cadre » est représenté par les règles qui régissent le déroulement de la médiation et les valeurs véhiculées dans la pratique. Il est fixé habituellement à la première séance de médiation. Le « processus » concerne l’évolution personnelle qui permet de sortir d’une position initiale vers un changement comportemental. Un médiateur interviewé a précisé : « le processus est plutôt le développement de la personne qui l’amène à sortir du conflit ».

Au Brésil, certaines médiatrices ont affirmé que l’impartialité du médiateur était relative et sujette à controverse : « l’impartialité, disent-elles, n’existe pas complètement, car au moment où tu parles de la médiation, tu as déjà émis des valeurs » (traduction du chercheur).

La plupart des interviewés français et brésiliens ont souligné l’importance, dans une première séance de médiation, d’informer les participants sur les objectifs poursuivis, le rôle de chacun, les étapes du processus et le déroulement de la médiation. S’il y a presqu’unanimité au sujet de la responsabilité du médiateur de fixer les règles du processus, on est également d’avis que ce n’est pas le rôle du médiateur de trancher lorsque les participants ne peuvent arriver à un accord (annexe 9/ V21 ; V22 ; V29). Sur cette question, l’un des médiateurs français affirmait « Proposer des solutions pour débloquer l’impasse. Proposer est différent d’imposer ». Pour ce médiateur, proposer des solutions aide les personnes à trouver des solutions auxquelles ils n’avaient pas pensé auparavant. Il s’agit simplement de mettre les participants devant de choix d’accords possibles.

Au Brésil, les points de vue diffèrent sur ce point. D’une part, un avocat médiateur exprimait « le médiateur doit suggérer une solution et non pas l’imposer ». D’autre part, une médiatrice psychologue affirmait « le médiateur ne doit jamais suggérer une solution » (traduction du chercheur). Ces énoncés soulèvent un débat toujours d’actualité dans le milieu professionnel concernant la possibilité du médiateur à suggérer ou non des solutions au moment des impasses. Ce dilemme met en évidence les conceptions et orientations différentes de médiateurs issus de diverses disciplines professionnelles comme les psychologues médiateurs, habituellement moins directifs, et les juristes médiateurs, plus directifs.

En somme, en ce qui touche la démarche de médiation, il y a unanimité sur le rôle du médiateur, le caractère volontaire du processus, les fondements de base de la pratique et la nécessité de règles de conduite appropriées.

Après avoir examiné les profils des médiateurs des deux pays, il importe de connaître leurs points de vue au sujet des deux modalités de la médiation familiale: la médiation judiciaire et la médiation extrajudiciaire.