4.3.1 Les difficultés dans la pratique

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée dans le cours des entretiens avec des couples ? Voilà une question qui interpelle les médiateurs des deux pays. Le tableau XXIII résume les réponses des médiateurs français.

La difficulté la plus fréquemment rencontrée concerne le décalage entre le conjoint qui a pris la décision de la rupture et l’autre qui l’a subie, qui absorbe le choc de la séparation conjugale.

En deuxième lieu, l’intensité du conflit et les désordres psychologiques sont les troubles les plus souvent mentionnés par les médiateurs français. Une étude plus qualitative pourrait contribuer à expliquer si ces difficultés sont d’ordre parental ou plutôt conjugal ou les deux. Ensuite, le manque de confiance et de sincérité de l’un vers l’autre, la reconnaissance de l’autre et la capacité de la personne à entrer en médiation ont été également indiqués comme étant les plus grandes difficultés rencontrées dans la pratique du médiateur familial français.

Enfin, d’autres problèmes sont mentionnés, comme ne pas se laisser happer par le contenu ; adapter les techniques de communication ; ne pas donner de conseils ; transformer la relation ; contrer la manipulation; éviter le conflit de loyauté de l’enfant ; et gérer les séparations des individus de plus de 50 ans. De plus on déplore le manque de supervision et parfois les ordonnances du tribunal qui défendent les contacts entre les parties. Un seul répondant a exprimé qu’il n’avait expérimenté aucune difficulté.

Tableau XXIII: Principales difficultés du médiateur familial français dans la pratique de la médiation
Catégories Nombre de citations
Le déséquilibre d’acceptation de la rupture conjugale (Trop de souffrance, de haine, etc.). 12
Conflit acéré  7
Désordrespsychologiques  7
Manque de confiance et de sincérité  6
La reconnaissance de l’autre  4
La capacité de la personne à entrer en médiation  4
Violence  3
Méconnaissance de la médiation  3
Conditions économiques défavorisées et différences culturelles 2
Différencier la conjugalité de la parentalité  2
Autres (1 citation chacune) 10
Total 60

Au Brésil, le tableau XXIV fait état, en premier lieu des difficultés de communication et d’écoute mentionnées par les interviewés. Le défi est de stimuler et de rétablir un dialogue raisonnable, de permettre l’écoute de l’un vers l’autre et de rétablir une attitude coopérative.

Ensuite, le deuxième obstacle mentionné par les répondants sont mentionné les troubles psychologiques de caractère personnel et d’ordre conjugal. Dans cette perspective, iont été identifiés l’anxiété, les ressentiments et les chagrins qui constituent des éléments perturbateurs dans le processus de médiation. Le syndrome d’aliénation parentale a également été cité parmi les difficultés ainsi que la difficulté d’orienter le couple vers une thérapie conjugale, voire individuelle. Ces problèmes viennent de la résistance des personnes à suivre une thérapie et de leur manque de ressource financière pour défrayer les coûts de cette intervention. Au Brésil, s’engager dans une thérapie est le privilège de la classe aisée. Les programmes sociaux et publics d’aide psychothérapeutique sont rares et il y a un manque de ressources professionnlles pour répondre à la demande.

Une troisième difficulté indiquée se rapporte à la disponibilité de la part des couples et du médiateur, lui-même, à réaliser une médiation. Les participants veulent résoudre rapidement leur séparation à cause de l’anxiété causée par la rupture ou du manque de temps et moyens financiers. La plupart des répondants sont des fonctionnaires de la justice et cumulent d’autres activités professionnelles que celles de médiateur.

Aussi la méconnaissance de la médiation dans le grand public contribue à la liste des difficultés rencontrées dans la pratique. De plus, les répondants ont mentionné: l’ignorance des dispositions légales liées à la séparation conjugale et le désengagement des pères. Une autre difficulté mentionnée est l’incapacité pour les participants de séparer la conjugalité de la parentalité.

De plus, la participation des avocats au processus de médiation ; le manque d’autonomie des personnes et la nécessité d’approfondir des notions basiques de droit de la famille, chacune avec deux citations, ont également été des difficultés indiquées. Enfin, d’autres obstacles ont été mentionnés comme la difficulté de considérer la perspective de l’autre et de ne pas maintenir des positions rigides au début de chaque session de médiation; la difficulté d’acheminer des cas spécifiques et complexes à d’autres professionnels; de s’en tenir qu’à des intérêts purement personnels ; de proférer des menaces au conjoint, habituellement la conjointe, qui voudrait mettre un terme à la médiation et enfin l’idéologie de la culture adversaire qui prédomine dans notre société.

Tableau XXIV: Les principales difficultés du médiateur familial brésilien dans la pratique de la médiation
Catégories Nombre de citations
Difficulté de communication et d’écoute. 17
Pertubations psychologiques. 11
Le manque de temps de la part des personnes et du médiateur. 07
Méconnaisance de la médiation. 05
Méconnaissance de la loi de la part des personnes concernées. 03
L’engagement du père après la séparation conjugale et la difficulté de séparer la conjugalité de la parentalité.
cojugalité de la
03
La participation des avocats dans le processus de médiation. 02
Le manque d’autonomie des personnes. 02
Approfondir des notions basiques de droit de la famille. 02
Autres (1 citation chacune). 06
Total 58

De fait, les résultats de recherche ont démontré, en France et au Brésil, que les désordres psychologiques forment l’une des plus grandes difficultés que rencontrent les médiateurs familiaux dans leur pratique professionnelle. Ces difficultés permettent d’identifier des lacunes et et de dégager des pistes d’action pour la formation des médiateurs familiaux, aussi bien au niveau de la formation initiale que de la formation continue.