1.2.4 Médiation et système judiciaire

A propos des relations des médiateurs familiaux avec le milieu juridique, les résultats de notre recherche ont montré des différences marquantes entre les deux pays. En France, il n’existe pas de liens étroits entre les professionnels de la médiation et les avocats ou le système judiciaire. Il y a une certaine résistance, surtout de la part des médiateurs non juristes à accepter la présence des avocats dans les séances de médiation. La grande majorité d’entre-eux a répondu que les avocats ne participent jamais aux séances de médiation et que leur intervention ne facilite pas le processus. Ces résultats sont similaires à ceux des études de Bonafé-Schmitt et Robert (2001) qui ont observé qu’en France, dans le cas des médiations familiales, les avocats participent rarement aux rencontres de médiation et que cette résistance apparait en raison de leur « habitus juridique ».De plus, près de 95% des répondants français croient que le médiateur n’est pas à la solde de la justice. Ils se démarquent du monde juridique et établissent ainsi plus fortement leur autonomie et leur indépendance même si la médiation familiale est prescrite dans les textes législatifs français et que le juge a le pouvoir d’enjoindre les personnes à rencontrer le médiateur familial. En France, la pratique de la médiation demeure indépendante du système judiciaire. Bonafé-Schmitt et Robert (2001) ont souligné que la grande majorité des médiateurs français a choisi de s’installer dans des locaux associatifs et non au Palais de Justice. L’explication à ce choix est qu’il s’agit de se démarquer par rapport aux institutions juridiques et, notamment, d’éviter toute confusion avec les fonctions judiciaires. Autrement dit, il y a la fonction du médiateur et celle de la justice.

En revanche, au Brésil, nous avons constaté une plus grande relation entre les médiateurs et les tribunaux, pour les raisons déjà citées ci-dessus, c’est-à-dire que la grande majorité des interviewés travaille auprès de la justice et les tribunaux encouragent cette pratique. La recherche a montré que, contrairement aux médiateurs français, près de 75% des médiateurs brésiliens considèrent que le médiateur est un auxiliaire de la justice. Sur cette question, une médiatrice brésilienne a expliqué : « le médiateur familial est indirectement  un auxiliaire de la justice» (traduction de l’auteur).Cela se confirme dans l’imaginaire des médiateurs brésiliens interviewés, lorsqu’il existe une confusion entre la logique de la médiation et celle de la justice, ou quand on pense que le médiateur est un auxiliaire de la justice.

Or, la médiation est dotée d’autres valeurs et principes que ceux de la justice et le médiateur ne peut pas être considéré comme un auxiliaire du système judiciaire.