2.1 L’évaluation par rapport au genre de médiation

Conformément à notre hypothèse, les couples étudiés en France et au Brésil sont favorables à ce que le recours à la médiation familiale soit fait en amont de la procédure judiciaire. En France, plus de 95% des répondants, judiciaires et extrajudiciaires confondus, se disent en faveur de cette modalité. Au Brésil, 78% des personnes pour qui la médiation avait été ordonnée et 98% des personnes qui étaient entrées volontairement en médiation ont exprimé leur accord sur ce point.

Les résultats de la recherche donnent des indications sur les effets d’être contraint à entrer en médiation par rapport à l’accessibilité volontaire en amont du processus judiciaire. Même si la quasi-totalité des répondants, dans les deux pays, recommanderait à d’autres la médiation comme mode de gestion de conflits, les pourcentages varient quelque peu selon l’expérience des personnes. Ainsi, en France, 94% des répondants du groupe «médiation extrajudiciaire» et 85% du groupe «médiation judiciaire» et au Brésil, respectivement 98% et 80% pour les mêmes catégories accepteraient de vanter les mérites de la médiation.

En France, l’une des explications les plus plausibles à cette réticence pour certains répondants à recommander la médiation est d’avoir été exposés à la médiation ordonnée. En effet, 55.5% de ceux-ci ont exprimé qu’ils sont sentis totalement ou partiellement obligés à aller en médiation alors que seulement 12.5% de l’autre groupe ont senti cette obligation. Ces résultats confirment ceux d’autres recherches françaises (Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert, 2006), qui ont mis en évidence le fait que les personnes qui sont passées par la judiciaire se sentent plus ou moins contraintes à participer à la médiation.

D’ailleurs, un interviewé français, du sexe masculin, a exprimé qu’il se sentait un tant soit peu mal à l’aise et avait un sentiment d’incapacité parce que le juge avait été saisi pour une affaire au caractère personnel et familial. Cette réponse est en lien avec les constations de Beck & Salles (in Turcotte et al., 2002), qui soulignent que ce sont surtout les hommes qui font état d’un taux d’insatisfaction plus élevé dans une démarche de médiation obligatoire.

Au Brésil, cette variable n’est pas significative, car parmi les neuf personnes qui ont répondu à cette question, à peine un interviewé a répondu affirmativement. Toutefois, d’autres variables, comme l’importance d’une plus grande communication entre les conjoints et un plus grand nombre de séances de médiations, en cas d’extrajudiciaires sont se sont révélées importantesdans le cas d’une médiation volontaire.

De plus, dans les deux pays, pour la grande majorité des interviewés, les résultats montrent que les couples sont satisfaits du résultat de la médiation : 85% en France et 83% au Brésil. Ces données confirment les études de Benjamin et Irving(1995), Kelly (1996), Richardson (1987), Minonzio (2002), Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert (2006) dans lesquelles la plupart des personnes sont satisfaites du processus de médiation comparé au système judiciaire traditionnel. En fait, le taux de satisfaction, pour les couples français, est un peu plus élevé dans le cas de la médiation. La moitié des personnes du groupe «médiation extrajudiciaire» est totalement satisfaite et dans le cas des médiations ordonnées par le juge, moins d’une sur trois est totalement satisfaite. Au Brésil, il n’y a pas de différences significatives dans le taux de satisfaction entre les deux groupes. Dans les deux cas, plus de 80% des personnes interviewées sont satisfaites.

Conformément à l’hypothèse du départ, les deux modalités de médiation sont un mode de gestion des conflits interpersonnels efficace dans les deux pays. Toutefois, le groupe «médiation volontaire» se dit davantage satisfait que l’autre groupe.

Quant à la relation entre l’intensité du conflit dans le couple et le taux de satisfaction envers le processus de médiation, les répondants français, qu’ils se soient séparés à l’amiable ou pas, ne diffèrent guère dans leur réponse : on retrouve sensiblement le même pourcentage de satisfaction, à quelques points près. Bien que ces résultats ne soient pas quantitativement significatifs, ils correspondent aux constations de Kressel et al. (1980) ; Irving et Benjamin (1992) et Bonafé-Schmitt, Charrier et Robert (2006), qui ont confirmé que le niveau de conflit entre les participants est directement proportionnel à l’obtention ou non d’un accord en médiation, ainsi qu’à la satisfaction des personnes envers le processus.

Cependant, au Brésil, les données indiquent une réalité différente, car 100% des cas de séparations litigieuses ont affirmé qu’ils sont satisfaits du processus de médiation, contre 82,7% pour les séparations amiables. Ainsi, cette corrélation entre l’intensité du conflit à l’intérieur du couple et le degré de satisfaction envers la médiation n’est pas évidente dans le cadre de notre recherche.